Un homme qui avait agressé un septuagénaire musulman en menaçant de l’égorger, au lendemain de l’attentat djihadiste dans une église de Saint-Etienne du Rouvray, a été présenté vendredi 5 août en comparution immédiate au tribunal correctionnel de Rouen. Son procès a été reporté au 4 octobre.

Lors de cette première audience, l’agresseur, qui devait être remis en liberté sous contrôle judiciaire, a présenté lui-même ses excuses à la famille de la victime. « Je regrette les souffrances que vous avez vécues », a-t-il dit.

Selon son avocat Me Jean-Marc Virelisier, qui a demandé pour son client le report de l’audience pour préparer sa défense, le prévenu était au moment des faits sous l’emprise de l’alcool, après une soirée très arrosée. « Il n’est pas raciste et a des regrets sincères par rapport à ce qui s’est passé, étant même amnésique sur certains faits, a-t-il dit. Sans le contexte de l’attentat, cette affaire serait passée inaperçue. »

Traumatisme crânien

Les faits s’étaient produits le 27 juillet à Barentin, à 15 km au nord de Rouen, au lendemain du drame au cours duquel le père Jacques Hamel avait été tué en pleine messe par deux jeunes djihadistes à Saint-Etienne-du-Rouvray. « Sale Noir, si je descends d’ici, c’est pour te taper. Je vais t’égorger pour vous faire comme vous nous faites à nous, c’est pas parce que t’es en robe et avec un chapeau que tu vas faire la loi ici ! », avait crié sur un parking le prévenu, au volant d’une voiture, à l’adresse d’un septuagénaire d’origine sénégalaise, qui raccompagnait certaines de ses filles à leur véhicule vers 5 heures du matin.

Le vieil homme, qui portait une djellaba et une chéchia, avait tenté de rentrer dans son appartement, mais l’automobiliste avait fait marche arrière et tenté sans succès de le renverser. Il l’avait poursuivi dans l’immeuble et, dans l’ascenseur, l’avait frappé à la tête et tenté de l’étrangler. La victime souffre d’un traumatisme crânien.

Outre cinq enfants du septuagénaire, trois associations, la Licra, SOS Racisme et le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), se sont portées partie civile. La présidente du tribunal, Mariette Vinas, a appelé au calme, cette affaire ayant suscité la colère de la communauté sénégalaise.