Dopage : plus de 50 médailles olympiques retirées depuis 2000
Dopage : plus de 50 médailles olympiques retirées depuis 2000
Par Adrien Sénécat
Les médaillés d’un jour sont parfois rattrapés des années plus tard, puis effacé des tablettes.
Les athlètes qui défileront jusqu’au 21 août 2016 sur les podiums des Jeux olympiques de Rio 2016 ne figureront peut-être pas tous au palmarès olympique pour l’éternité. Jeux d’hiver et d’été confondus, plus d’une cinquantaine de médailles d’or, d’argent et de bronze ont ainsi changé de mains depuis 2000, selon le décompte du Monde. Avis à celles et ceux qui « pisse [raient] violet », pour reprendre la formule de Camille Lacourt : les échantillons de sang et d’urine peuvent être conservés jusqu’à 10 ans pour de nouvelles analyses, et les palmarès modifiés en conséquence. Petite histoire des sportifs déchus.
15 sportifs épinglés à Athènes en 2000
Depuis l’apparition des contrôles antidopage en 1968 à Mexico, les contrôles se sont progressivement intensifiés et chaque compétition a vu son lot de contrôles positifs. Mais dans les faits, les JO d’Athènes en 2000 sont les premiers à avoir vu leur palmarès sérieusement bousculé par des révélations ultérieures. 13 médailles, dont 5 d’or, ont été retirées après la compétition à des personnes dopées. Il aura notamment fallu attendre 2007 pour que l’Américaine Marion Jones cède, à elle seule, trois titres et deux médailles de bronze en athlétisme.
Lance Armstrong a non seulement perdu ses sept titres du Tour de France pour dopage, mais aussi sa médaille de bronze aux Jeux de Sydney. | STUDIOCANAL
Ce sont les Jeux d’Athènes en 2004 qui ont vu triompher le plus de sportifs épinglés depuis. Pas moins 15 sportifs de 8 nationalités différentes récompensés en Grèce ont été déchus par le Comité international olympique (CIO) :
Cela ne veut pas dire pour autant que les compétitions qui ont suivi ont été plus propres. Au-delà des cas que nous avons déjà pu répertorier, le CIO a communiqué en mai puis en juillet sur 98 nouveaux contrôles positifs mis en évidence par des réanalyses des échantillons des Jeux de 2008 et 2012, dont au moins 23 médaillés à Pékin. La plupart des noms des personnes concernées n’ont pas encore été dévoilés.
De même, les JO d’hiver de Sotchi apparaissent dans notre infographie comme exempt de dopage, mais les récentes révélations sur le dopage d’Etat en Russie donnent matière à en douter.
La Russie, nation la plus lourdement sanctionnée
C’est d’ailleurs la Russie qui détient le record du plus grand nombre de médailles annulées pour dopage : pas moins de douze, répartis sur les Jeux de 2002, 2004, 2006 et 2012. Juste derrière, on trouve les Etats-Unis.
L’absence dans ce tableau de pays comme la France ne veut pas forcément dire qu’ils échappent complètement au dopage. Rien que pour l’année 2012, la base de données dopinglist.com, alimentée par l’ancien journaliste sportif Trond Husø, recense 8 cas de sanctions contre des Français, contre 25 à l’encontre d’Américains.
L’athlétisme gravement touché
L’athlétisme est la discipline la plus touchée par les scandales de dopage. Sur les quatre derniers JO, pas moins de 14 médailles d’or, 4 médailles d’argent et 5 médailles de bronze ont été retirées. Pour moitié, ce sont des disciplines de lancer (poids et disque). Pour l’autre, des épreuves de course (du 100 m au 3 000 m).
Autre enseignement : aucun nageur ou nageuse n’a été épinglé pour ses performances compétition olympique. Ce qui ne veut pas dire que la discipline est immunisée contre la triche. Plusieurs athlètes médaillés au Mondiaux de 2015 ont ainsi déjà été reconnus coupables de dopage par le passé.
On peut aussi s’interroger sur la hausse effrénée des performances depuis quelques années : les 32 records olympiques en natation datent tous de 2008 ou après, parfois à des niveaux qu’on pensait impossibles à atteindre sans combinaison quelques années plus tôt.
Quatre athlètes détrônés en lice à Rio
Tous les athlètes qui se voient privés d’une médaille par le CIO ne sont pas bannis à vie des JO. La preuve : quatre d’entre eux concourent actuellement au Brésil. Le sprinteur américain Tyson Gay, dont le contrôle positif a disqualifié le relais 4 × 100 m américain à Londres alors qu’il avait terminé deuxième, devrait par exemple remettre le couvert avec ses compatriotes dans la même épreuve.
Le tireur Kim Jong-su (Corée du Nord), qui a perdu ses deux médailles de 2008 au tir (l’argent à 50 m, le bronze à 10 m), est lui aussi de la partie. Tout comme le cavalier Ludger Beerbaum, dont la monture avait été contrôlée positive à Athènes, privant l’Allemagne de l’or en saut d’obstacle par équipes.
En lancer de marteau, le multirécidiviste Biélorusse Ivan Tsikhan sera lui aussi de la partie. Déchu de sa médaille d’argent à Athènes en 2004 pour dopage, il a également perdu celle de bronze remportée à Pékin quatre ans plus tard pour les mêmes raisons, avant de la récupérer in extremis devant les tribunaux pour vice de procédure. Le quadragénaire a aussi été banni d’autres compétitions internationales, dont les JO de 2012. Il sera pourtant bien présent à Rio.