Fin du procès kafkaïen pour la Bibliothèque nationale d’Israël
Fin du procès kafkaïen pour la Bibliothèque nationale d’Israël
Le Monde.fr avec AFP
Après sept ans de procédure, la propriété de manuscrits de l’écrivain praguois est confirmée à l’établissement de Jérusalem.
Statue de Franz Kafka, à Prague, par l’artiste Tchèque David Cerny. | MICHAL CIZEK / AFP
La Cour suprême d’Israël a confirmé lundi 8 août une décision rendue en 2012 concernant les manuscrits de Franz Kafka détenus par la Bibliothèque nationale d’Israël : le fonds restera sa propriété. Est ainsi rejeté l’appel présenté par les sœurs Hoffe, héritières de Max Brod (ami et exécuteur testamentaire de l’auteur du Procès), qui avaient été déboutées.
Cette décision met un terme à la longue procédure judiciaire entre la Bibliothèque israélienne et les deux sœurs. Elle avait débuté en 2009 lorsque l’instituition avait réclamé le transfert de ce fonds évalué à plusieurs millions de dollars en obtenant gain de cause du tribunal en 2012.
Emportés en Palestine
Comment ces précieux documents se sont-ils retrouvés à Jérusalem ? Au gré des hasards de l’histoire. À sa mort en 1924, Kafka avait fait don de ses manuscrits à Max Brod. Ce dernier, fuyant la Tchécoslovaquie après l’invasion par l’Allemagne nazie en 1939, les emporta avec lui en Palestine. Les documents, dont plusieurs écrits rares, furent ensuite légués, après sa mort en 1968, à sa secrétaire, Esther Hoffe. Dans son testament, Brod demandait à son assistante de léguer à son tour ces archives à « l’Université hébraïque de Jérusalem ou à la bibliothèque municipale de Tel-Aviv ou à une autre institution en Israël ou à l’étranger ». Mais Esther Hoffe, morte en 2007, a partagé la succession entre ses deux filles, ce qui est à l’origine de la bataille judiciaire.
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La collection Brod est devenue l’enjeu d’un conflit entre intérêts privés et publics, conservation patrimoniale et profit personnel : Esther Hoffe avait vendu le manuscrit original du Procès pour deux millions de dollars. Les juges ont rappelé lundi dans leurs attendus que « Max Brod ne voulait pas que ses biens soient vendus au meilleur prix, mais qu’ils trouvent une place appropriée dans un sanctuaire littéraire et culturel ». C’est donc en vertu du respect des dernières volontés du défunt que le fonds restera propriété de l’Etat israélien. Un dénouement ironique pour ces écrits que Brod aurait dû brûler selon le souhait de Kafka.