LES CHOIX DE LA MATINALE

Cette semaine, on se régale avec l’électro-pop de Teleman, on (re)découvre le spectacle des Sourds-Doués, on vibre avec les pianistes Laurent Fickelson et Carla Bley sur scène dans le cadre de Jazz en Seine, et on retrouve Souchon et Voulzy au sommaire de Schnock. Sans oublier le clip de la chanteuse inuite Elisapie Isaac.

UNE REVUE : « Schnock », spécial Alain Souchon et Laurent Voulzy

La revue trimestrielle « Schnock », spécial Alain Souchon et Laurent Voulzy. / ILLUSTRATION : ERWANN TERRIER

Après Serge Gainsbourg, Jacques Dutronc, Michel Sardou, Françoise Hardy, Charles Aznavour et Renaud, la revue trimestrielle Schnock propose un nouveau dossier chanson, cette fois avec le duo Alain Souchon et Laurent Voulzy.

Les entretiens (séparés) avec Souchon et Voulzy ont pour point central la relation artistique entre les deux musiciens, alchimie entre les textes et les musiques, histoire d’amitiés et de talents partagés. En complément un classique « top ten » des chansons de l’un et de l’autre – celui des goûts de Schnock, pas toujours en rapport avec les succès des deux musiciens –, un abécédaire et surtout, pour Laurent Voulzy une discographie secrète (partielle) de ses premiers enregistrements, de la fin des années 1960 au milieu des années 1970, avant la révélation de Rockollection.

La sélection, opérée par Christian Eudeline, est savoureuse. Idéalement on aurait aimé qu’un CD l’accompagne – certains titres, comme Plaisir solitaire, par le groupe Le Temple de Vénus ou If You Want To Love Me Babe sous le nom de Dandy Lion se promènent sur Internet.

En dehors de ce dossier, le no 28 de Schnock permet notamment de retrouver Françoise Fabian, Moustique, la série télévisée Starsky & Hutch, les souvenirs d’une rencontre entre Salvador Dali et Jean-Christophe Averty… Sylvain Siclier

« Schnock », no 28, septembre-octobre-novembre 2018, La Tengo éditions, 176 p., 15,50 €.

UNE VIDÉO : « Arnaq », par Elisapie Isaac

Elisapie - Arnaq
Durée : 03:50

Ce n’est pas tous les jours que nous faisons connaissance avec une voix venue des hautes latitudes. Elisapie Isaac est une chanteuse inuite de Salluit, village reculé de chasseurs et de pêcheurs (1 300 habitants) du Nunavik dans le nord du Québec.

Née voilà 41 ans d’un père terre-neuvien et d’une mère inuite, elle est le fruit de ce mélange de deux cultures – et de quelques voyages formateurs – qui ont fortement imprégné son identité, et sa musique : « J’étais une rêveuse. J’ai toujours voulu l’ailleurs », raconte-t-elle dans un reportage que Le Monde lui a récemment consacré.

Elisapie Isaac, a sorti, le 14 septembre, son quatrième album, The Ballad of The Runaway Girl (Yotanka/PIAS), une folk pop vaporeuse chantée ici en anglais, là en inuktitut, d’une voix teintée de mélancolie détachée, dans la veine gracieuse d’une Alela Diane.

Le vidéo clip du titre qui ouvre l’album Arnaq, folk rock aux relents blues électriques, a été tourné dans son village natal aux côtés de ses habitants, avec en arrière-plan les paysages à la beauté désolée de ce fjord posé sur le 62e parallèle, constituant un appendice du détroit d’Hudson. Elisapie Isaac se produira en première partie de Pierre Lapointe, lundi 22 octobre à Paris, Salle Pleyel. Franck Colombani

UN SPECTACLE : « Sur un malentendu », par Les Sourds-Doués, à Paris, chaque lundi

Affiche du spectacle « Sur un malentendu », par Les Sourds-Doués. / DR

Depuis 2011, quatre instrumentistes talentueux forment Les Sourds-Doués. Soit le clarinettiste Adrien Besse, le joueur de cor Nicolas Josa, le clarinettiste basse François Pascal et le trompettiste Pierre Pichaud.

Ils ont créé, à l’automne 2016, Sur un malentendu, un spectacle inventif, drôle, touchant, très exact dans l’interprétation et le propos par lequel la musique, les placements scéniques (mise en scène de Pierre Cachia, lumières de Fouad Souaker) traduisent des sentiments, illustrent des situations, des échanges qui passent généralement par les mots.

L’alliance des timbres des vents, cuivres et bois, apporte une couleur originale, fort bien travaillée. Des tours de magie, de jonglage, viennent ici et là s’insérer dans l’interprétation des musiques les plus variées, répertoire classique (Boléro de Ravel, Danse slave op.72 no 2 de Dvorak…), airs du folklore d’Europe de l’Est, tango (Piazzolla à l’honneur avec notamment Jacinto Chiclana et Oblivion), valse, jazz (Take 5 du saxophoniste Paul Desmond), citations de musiques de génériques de films (productions Disney, Mon oncle, Amélie Poulain…).

Les Sourds-Doués retrouvent cet automne, la scène du Théâtre Trévise, à Paris, où ils avaient déjà enchanté le public à la même période en 2017. L’occasion de les découvrir ou des les apprécier à nouveau. S. Si.

Théâtre Trévise, 14 rue de Trévise, Paris 9e. Mo Cadet, Grands-Boulevards. Tél. : 01-48-03-08-45. Le lundi, à 19 h 30. De 15 € à 20 €.

QUATRE CONCERTS :

  • Teleman, à l’Epicerie moderne, à Feyzin, le 25 octobre ; au Petit Bain, à Paris, le 26

Le groupe électro-pop britannique Teleman. / PHIL SHARP

Avant de s’épanouir dans l’électro-pop sous le nom de Teleman, les frères Thomas et Jonny Sanders maniaient les guitares rock débraillées avec le groupe Pete and The Pirates. Séparés en 2011, les Anglais originaires de Reading se sont depuis lancés dans l’aventure Teleman avec leur ancien complice, le bassiste Peter Cattermoul et un nouveau batteur Hiro Amamiya.

Leur récent second album Family of Aliens (Moshi Moshi), successeur du déjà savoureux Breakfast (2016), renforce leur mue synthétique et dansante sans altérer leur habileté à trousser des refrains addictifs (Twisted Heart et Cactus, plus Franz Ferdinand). Il faut dire qu’au rayon groove audacieux, Teleman est allé à bonne école puisque collègue de Hot Chip et Django Django sur le fin label Moshi Moshi Records.

Le quartette britannique partagera, le 25 octobre, l’affiche de l’Epicerie moderne à Feyzin (Rhône), près de Lyon, avec l’excellente formation pop cold wave russe de Motorama, puis le lendemain en tête d’affiche au Petit Bain, à Paris. F. C.

Epicerie moderne, place René-Lescot, à Feyzin (Rhône). Jeudi 25 octobre. 15 €. Le Petit Bain, 7 port de la Gare, Paris 13o. Vendredi 26 octobre. 21 €.

  • Laurent Fickelson, au Sunside, à Paris, et Carla Bley, à La Seine musicale, à Boulogne-Billancourt, le 24 octobre

Pochette de l’album « In The Street », du pianiste Laurent Fickelson. / JAZZ FAMILY / SOCADISC

A la tête d’un quartette de grande allure musicienne, avec le saxophoniste Eric Prost, le contrebassiste Thomas Bramerie et le batteur Philippe Soirat, le pianiste Laurent Fickelson a enregistré un album de plein cœur et âme dans le jazz, In The Street (Jazz Family/Socadisc).

Le magnifique Lush Life, de Billy Strayhorn, ouvre et ferme l’album, John Coltrane est évoqué au travers de The Promise, Thelonious Monk avec ’Round Midnight (en solo de piano) et Wayne Shorter avec Edda, tandis que Laurent Fickelson signe trois autres compositions, dont le très enjoué Distorsion, et Eric Prost une.

La formation présentera ce répertoire, qui devrait prendre de formidables développements sur scène, comme ce sera le cas au club parisien Sunside, mercredi 24 octobre, dans le cadre du festival Jazz sur Seine, organisé dans vingt-cinq salles en Ile-de-France. Lors de cette même soirée, le festival présente aussi, à l’auditorium de La Seine musicale, sur l’île Seguin, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), le trio de la pianiste Carla Bley avec le saxophoniste Andy Sheppard et le bassiste Steve Swallow. S. Si.

Laurent Fickelson Quartet au Sunside, 60, rue des Lombards, Paris 1er. Mo Châtelet, Les Halles. Tél. : 01-40-26-46-60. Mercredi 24 octobre, à 21 heures, 25 €. Carla Bley Trio à La Seine musicale, île Seguin, Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Mo Pont-de-Sèvres. Mercredi 24 octobre, à 20 h 30. De 27 € à 60 €.