Paola Espinosa a remporté la médaille d’or au plongeon haut vol (10 m) individuel lors des Jeux panaméricains, à Toronto, le 11 juillet 2015. | JIM WATSON / AFP

Du sol, Paola Espinosa semble minuscule en haut de la plate-forme de 10 mètres. La taille (1,56 m) de la plongeuse mexicaine, double médaillée olympique, est inversement proportionnelle à son talent. Quand elle s’élance, la fluidité de ses mouvements coupe le souffle. Le 9 août à Rio, les Mexicains seront nombreux à suivre la finale du plongeon haut vol féminin synchronisé, une de ses spécialités. Dans son pays, l’athlète, qui vient de fêter ses 30 ans, fait la « une » des journaux de sports et des magazines people. Son palmarès, son côté glamour et son engagement auprès des enfants, en font une des cent femmes les plus influentes du Mexique.

C’est au sud de Mexico dans un immense centre aquatique que la sportive a préparé ses quatrièmes Jeux olympiques. « Elle est sereine », se félicite Claudia Ruiz, son agent, qui rappelle qu’« elle est très expérimentée » avec près de vingt ans de carrière à haut niveau. Paola a juste 18 ans quand elle participe à ses premiers JO à Athènes en 2004. Quatre ans plus tard, elle est la porte-drapeau de la sélection mexicaine lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Pékin, où elle remportera la médaille de bronze du plongeon synchronisé (10 m). En 2009, elle obtient un titre mondial dans la même discipline. Sa popularité explose aux JO de Londres, en 2012, quand elle décroche une médaille d’argent. Quelques jours plus tard, le magazine de stars mexicain, Quién, lui consacre sa couverture en titrant « The Queen ». En 2015, Paola Espinosa est devenue l’athlète mexicaine, toutes disciplines confondues, la plus médaillée des jeux Panaméricains avec treize médailles, dont huit d’or.

Sportive accomplie, cette titulaire d’une licence en communication a su orchestrer sa médiatisation. Avenante, elle passe volontiers d’une interview pour la presse au plateau d’un jeu télévisé. Comme 80 % des Mexicains, la plongeuse se déclare catholique. Durant dix ans, cette passionnée de mode a formé un beau couple athlétique avec le plongeur Rommel Pacheco, 30 ans, lui aussi membre de la sélection mexicaine à Rio. L’année dernière, les médias se sont arrachés les clichés d’une dispute entre eux dans un centre commercial. La rumeur de leur séparation s’est vite confirmée. Depuis, Paola aurait un nouveau petit ami. Son nom est mieux gardé qu’un secret nucléaire par Mme Ruiz qui protège la sérénité de la championne à la veille de la compétition.

Fibre sociale et sens des affaires

Cette notoriété, Paola Espinosa la met au service des autres. Depuis 2013, sa fondation lutte contre l’obésité infantile en valorisant l’activité physique dans les écoles. L’enjeu est de taille au Mexique, où un tiers des enfants sont gros. La population en surcharge pondérale a doublé en vingt ans pour atteindre 70 % des Mexicains. En janvier, la plongeuse a inauguré à Mexico sa « Kids Academy » qui propose aux jeunes des cours de danse, d’arts martiaux ou de yoga.

Engagée, Paola Espinosa sait aussi attirer les sponsors : Nike, la boisson énergétique Gatorade, la banque Banamex… Sa fibre sociale et son sens des affaires lui valent d’être présente dans la liste 2016 des cent femmes les plus influentes du Mexique, publiée par le magazine Forbes. Cette sportive, bondissante d’énergie, a forgé son mental de fer au sein de sa famille. « Mon père était nageur. Il m’amenait à la piscine pour calmer mon hyperactivité », a-t-elle confié au quotidien El Universal. Déterminée à devenir une reine du plongeon, elle quitte, dès l’âge de 11 ans, sa ville, La Paz, en Basse-Californie (nord-ouest), pour rejoindre la sélection juvénile à Mexico. La plongeuse est douée. « C’est la seule femme capable de réaliser certains plongeons qui nécessitent beaucoup de puissance », souligne Mme Ruiz. Son parcours de championne n’en sera pas moins semé d’embûches. A l’image de cette cicatrice au genou qui rappelle une opération délicate, en 2013, après des années de douleurs.

Le 9 août, Paola Espinosa plongera avec la jeune Alejandra Orozco, déjà à ses côtés aux JO de Londres il y a quatre ans. « Elles pourraient faire la différence face aux Chinoises données favorites », assure Mme Ruiz. A Rio, Paola Espinosa joue la carte de la maturité aux côtés de Ma Jin, son entraîneuse chinoise. « J’ai confiance dans les leçons apprises », répète la sportive dans la presse mexicaine.

Celle qui a presque tout gagné dans sa discipline n’a jamais remporté de médaille olympique en plongeon individuel. Le 17 août, elle saisira sa chance lors des éliminatoires du haut vol (10 m) féminin individuel. Si la plongeuse est toujours en lisse le lendemain, elle entrera dans l’histoire de son pays en devenant la première athlète mexicaine à participer à dix finales olympiques.