« Making a Murderer » : la condamnation de Brendan Dassey invalidée
« Making a Murderer » : la condamnation de Brendan Dassey invalidée
Le Monde.fr avec AFP et AP
L’un des personnages centraux de la série documentaire de Netflix pourrait sortir de prison d’ici 90 jours, si les procureurs ne font pas appel. Le juge a déploré la défense désastreuse de l’avocat de Brendan Dassey, en 2006.
L’un des personnages principaux de la série documentaire « Making a Murderer », Brendan Dassey a obtenu d’un juge du Wisconsin sa remise en liberté, vendredi 12 août. Il pourrait sortir de prison d’ici 90 jours, à moins que les procureurs ne fassent appel de la décision d’annuler sa condamnation.
Brendan Dassey, 26 ans, et son oncle Steven Avery, 54 ans, sont les personnages centraux du documentaire à succès illustrant les failles du système judiciaire américain « Making a Murderer » qui peut se traduire par « La fabrication d’un meurtrier », sorti sur Netflix en décembre.
Cette série a enfiévré l’Amérique, chacun ayant son avis sur la culpabilité des deux hommes, accusés d’avoir assassiné Teresa Halbach en 2005. Le documentaire montre l’enquête bâclée, voire truquée, et soulève nombre d’éléments troublants qui peuvent faire penser que les deux accusés ont été emprisonnés à tort.
Des confessions jugées « involontaires »
Brendan Dassey et Steven Avery ont tous deux été condamnés à perpétuité. La décision du juge William Duffin vendredi insiste notamment sur la défense désastreuse de Brendan Dassey en 2006 par un avocat commis d’office, Leonard Kachinsky.
La conduite de l’avocat du jeune homme, âgé alors de 16 ans seulement et doté d’un quotient intellectuel limité, est « indéfendable », a souligné le juge. « Les enquêteurs ont assuré à M. Dassey qu’il ne devait pas s’inquiéter. Ces fausses promesses répétées, ajoutées à d’autres facteurs comme l’âge de M. Dassey, font que les confessions de M. Dassey sont involontaires », a encore estimé le juge.
Reconnu coupable d’homicide au premier degré, d’agression sexuelle au second degré et de mutilation de cadavre, l’adolescent avait confessé avoir aidé Steven Avery. Le magistrat considère que les droits constitutionnels de Dassey ont été bafoués lorsque les autorités policières l’ont interrogé sans la présence d’un adulte.
Une pétition de 130 000 signatures envoyée à la Maison Blanche
Après la sortie du documentaire sur Netflix, de nombreux appels à la libération du jeune homme et de son oncle ont été lancés et une pétition a été envoyée à la Maison Blanche avec plus de 130 000 signatures pour demander un pardon présidentiel.
« Il est très clair que les enquêteurs du bureau du shérif de Manitowoc (Etats-Unis) ont utilisé des méthodes inappropriées », souligne la pétition.
La Maison Blanche avait répondu que les deux hommes n’avaient pas été condamnés lors d’un procès fédéral et comme ce sont des prisonniers du système carcéral de l’Etat du Wisconsin, le président ne peut les gracier.
Dans une première affaire, Steven Avery, avait déjà passé 18 ans derrière les barreaux en raison d’une erreur judiciaire pour un viol qu’il n’avait pas commis. Il avait été innocenté par des preuves ADN et avait été libéré de prison en 2003. Remis derrière les barreaux fin 2005 pour l’affaire du meurtre de Teresa Halbach, 25 ans, il reste pour l’heure emprisonné, condamné à vie.
De nouveaux épisodes de « Making a Murderer » sont en cours de production. Leur date de sortie n’a pas été divulguée.