Et de trois. Dimanche à Rio, Usain Bolt a remporté un troisième titre consécutif sur la distance reine. Du jamais vu dans l’histoire des Jeux olympiques. Le Jamaïcain a éteint la concurrence de son rival Justin Gatlin, pourtant mieux parti que lui. Il s’impose en 9 s 81 devant l’Américain en 9 s 89 et le Canadien Andre de Grasse (9 s 91). Jimmy Vicaut a pris la septième place de cette finale du 100 m en 10 s 04.

À 29 ans, Bolt remporte un septième titre olympique. Grand favori du 200 m et du relais 4 x 100 m, il espère désormais un nouveau triplé au Brésil, le troisième consécutif après ceux des JO de Pékin et de Londres. Comme à son habitude, le chouchou du public n’a jamais semblé inquiet. Il s’est même montré d’une insolente facilité, n’hésitant pas à célébrer son titre avant même la ligne d’arrivée franchie.

Un selfie avec les médaillées de l’heptathlon

Le showman a régalé de ses facéties la foule qui l’ovationnait. Superstar des JO, Usain Bolt posait pour un selfie avec le podium féminin de l’heptathlon : la Belge Nafissatou Thiam, la Britannique Jessica Ennis-Hill et la Canadienne Brianne Theisen-Eaton.

En demi-finale, ovationné par la foule tandis que son adversaire Justin Gatlin recevait ses sifflets habituels, Bolt avait déjà dominé les débats. En 9 s 86, il réalisait le meilleur chrono de sa saison. Derrière lui, le talentueux jeune sprinteur canadien, Andre De Grasse, paraissait impuissant malgré ses 9 s 92.

Gatlin remportait également sa course mais en 9 s 94, devant un autre Jamaïcain, le champion du monde 2011, Yohan Blake. Présent dans la première demi-finale, la moins relevée, Jimmy Vicaut répondait présent en s’imposant en 9 s 95. Il devenait le premier Français en finale d’un 100 m depuis Hermann Panzo en 1980.

L’an passé, avant d’écœurer Justin Gatlin pour un centième en finale des Mondiaux (9 s 79 contre 9 s 80), Usain Bolt arrivait plein d’incertitudes à Pékin. Il n’avait que deux références chronométriques dignes de son rang (9 s 87 lors du meeting de Londres le 24 juillet 2015) et n’avait couru que quatre 100 m avant d’enchaîner ses trois courses chinoises. Pourtant, le sprinteur jamaïcain avait répondu présent au moment opportun, progressant entre les séries et les demi-finales (9 s 96), et la finale.

Cette année, avant Rio, le recordman du monde (9 s 58) était encore une fois devancé dans les bilans mondiaux (4e derrière Gatlin en 9 s 82, l’Américain Trayvon Bromell en 9 s 84 et le Français Jimmy Vicaut en 9 s 86). Mais il pouvait tout de même se targuer d’avoir déjà couru en 9 s 88 le 11 juin dernier chez lui à Kingston et plus modestement en 9 s 98 à Ostrava en mai.

Les sifflets pour Gatlin

Une nouvelle fois sifflé avant la finale, Justin Gatlin a échoué dans sa quête d’un deuxième titre olympique, douze ans après son sacre d’Athènes. À 34 ans, le sprinteur new-yorkais a eu une carrière mouvementée. En 2001, il avait été contrôlé positif une première fois. Cinq ans plus tard, à nouveau sanctionné pour dopage, il avait écopé d’une lourde suspension : huit ans qui avaient été réduits à quatre. Depuis son retour en 2010, il a battu ses records : 9 s 74 sur 100 m et 19 s 57 sur 200 m en 2015, la trentaine passée.

Fort de l’assurance de celui qui n’a jamais été pris par la patrouille, Usain Bolt peut savourer son nouveau triomphe. Hormis sa mésaventure de Daegu en 2011 (disqualification pour faux départ en finale du 100 m), il reste invaincu aux Jeux olympiques et aux Mondiaux depuis 2008 à Pékin. Cet été, il ne se privait pas de fanfaronner dans un entretien au Parisien : « L’athlétisme a besoin que je gagne à Rio et que je sois le meilleur. »

Seul ombre à ce tableau idyllique, la « Foudre » devrait bientôt voir son palmarès amputé d’une breloque suite au contrôle rétroactif positif de Nesta Carter, son coéquipier du relais aux JO de Londres en 2012. D’ici là, il est le grand favori du 200 m, jeudi 18 août, et du relais avec ses compatriotes, vendredi 19 août.