Coût des études : mieux vaut étudier à Limoges qu’à Paris, selon l’UNEF
Coût des études : mieux vaut étudier à Limoges qu’à Paris, selon l’UNEF
Par Séverin Graveleau
Selon une étude publiée mardi 16 août par l’UNEF, le coût d’une année universitaire peut varier du simple au double selon la ville d’étude.
Université La Timone - Marseille | ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
655 euros par mois à Limoges, 1 156 euros à Paris, 777 euros à Toulouse… face aux importantes différences de coût des études en fonction de la ville universitaire choisie, « des mesures doivent être prises pour garantir l’égalité sur tout le territoire », estime le syndicat étudiant UNEF (Union nationale des étudiants de France) dans une étude parue ce mardi 16 août.
Cette dernière établit le classement des villes universitaires selon le coût du logement, des transports et des dépenses courantes. Et les chiffres varient du simple au double selon la ville d’études.
Le logement, premier poste de dépense des étudiants
Selon l’UNEF, ces inégalités territoriales s’expliquent principalement par « les variations des prix des loyers, qui représentent en moyenne 55 % du budget moyen annuel d’un étudiant et peuvent atteindre dans certaines villes près des trois quarts du budget moyen », comme c’est le cas à Bordeaux (831 euros de dépenses mensuelles). Un étudiant parisien paiera ainsi en moyenne 806 euros de loyer contre 318 euros pour son camarade brestois.
Cette année encore, « dans plus de quinze villes étudiantes », le loyer devrait augmenter, estime le syndicat. Ce dernier demande donc la généralisation de l’encadrement des loyers « à toutes les villes universitaires ». Ainsi que l’exonération des étudiants de la taxe d’habitation, qui représente « quasiment l’équivalent d’un loyer mensuel » à payer par an. Il souhaite enfin voir se poursuivre de la construction de nouveaux logements étudiants.
Transport et subventions des collectivités
Le soutien variable des collectivités à la vie étudiante « contribue aussi à ces disparités territoriales ». Il en est ainsi du coût des transports en commun, pour lesquels « un certain nombre de collectivités font reposer cette année encore le poids de leurs difficultés budgétaires sur les épaules des étudiants en augmentant leurs tarifs », explique l’UNEF. Et de montrer une nouvelle fois du doigt Bordeaux (+ 15 euros), Lyon (+ 8 euros) ou encore Paris (+ 7 euros). Tout en citant en exemple la ville de Toulouse qui, avec son tarif à 100 euros par an « fait figure de meilleure élève dans l’accès aux transports pour les jeunes ».
L’UNEF réclame « la généralisation d’un demi-tarif étudiant » pour les transports dans toutes les villes universitaires.
Principales augmentations des transports | Unef
Les collectivités peuvent intervenir dans la vie des étudiants à travers la subvention des transports en commun, des aides d’accès à la santé, au logement, à la culture ou aux loisirs. Mais à la suite des dernières échéances électorales et de changements de couleur politique, « plusieurs collectivités ont remis en cause, en restreignant les publics destinataires, voire en les supprimant, certains dispositifs qui ont pourtant fait leurs preuves pour faciliter l’accès à la santé, à la culture », dénonce le syndicat. « Les dispositifs actuels ne doivent pas disparaître au nom d’économies d’échelle faites sur le dos des jeunes. »
Hausse du coût de la vie étudiante
Dans une première partie de cette étude publiée le 14 août, l’UNEF faisait état d’une hausse du coût de la vie étudiante de « 1,23 % » à la rentrée 2016, « soit près d’un point de plus que l’inflation [et] + 9,7 % depuis le début du quinquennat ».
De son côté, le deuxième syndicat étudiant qu’est la FAGE (Fédération des associations générales étudiantes) évoque ce 16 août dans sa propre enquête une évolution de « 1,01 % » du coût de la rentrée par rapport à 2015. Une augmentation limitée, estime-t-il, par le gel des différents frais obligatoires de la rentrée (frais d’inscription, cotisation au régime de sécurité sociale étudiant…) annoncé par le ministère au début du mois de juillet.
Mais face à une démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur tout de même « en panne » selon elle, la FAGE demande elle aussi de généraliser l’encadrement des loyers. Mais aussi de mettre en place une « aide globale d’indépendance » qui fusionnerait les bourses sur critères sociaux et les aides au logement.
Un effort « sans précédent » en faveur des étudiants
Dans un communiqué publié lundi 15 août, le ministère de l’éducation nationale leur répond, se voulant rassurant : « Le gouvernement agit dans la durée pour améliorer les conditions de vie des étudiants (…), depuis 2012, plus de 500 millions d’euros ont été mobilisés en faveur de la vie étudiante, soit 40 % de plus qu’entre 2007 et 2012. »
En avril dernier, la FAGE, contrairement à l’UNEF, avait accepté de se retirer de la mobilisation contre la loi travail, estimant satisfaisantes les mesures annoncées par Manuel Valls pour apaiser la colère de la jeunesse (création d’une aide à la recherche du premier emploi, revalorisation des bourses des lycéens, création d’un nouvel échelon de bourse aux étudiants, etc.). A neuf mois de la présidentielle de 2017, les syndicats étudiants veulent donner de nouvelles pistes de réflexion aux candidats pour améliorer les conditions de vie des étudiants.