JO 2016 – Lavillenie : « En 1936, la foule était contre Jesse Owens. On n’avait pas vu ça depuis »
JO 2016 – Lavillenie : « En 1936, la foule était contre Jesse Owens. On n’avait pas vu ça depuis »
Sifflé par le public du stade olympique de Rio, le perchiste français, qui a cédé son titre à un Brésilien, y est allé d’une comparaison malheureuse avec les Jeux de Berlin.
Renaud Lavillenie agacé d’avoir été sifflé par le public du stade olympique de Rio, le 15 août. | FRANCK FIFE / AFP
« En 1936, la foule était contre Jesse Owens. On n’avait pas vu ça depuis. On doit faire avec. » Renaud Lavillenie – qui a essuyé les sifflets du public du stade olympique de Rio, lundi 15 août, pendant le concours du saut à la perche qui l’a vu céder son titre olympique au Brésilien Thiago Braz da Silva – a eu une comparaison très malheureuse en convoquant la triste mémoire des Jeux de Berlin, quand le sprinteur afro-américain Jesse Owens avait triomphé devant Adolf Hitler et sous les huées du public.
Conscient de l’énormité de sa déclaration, le perchiste français, sacré à Londres, s’est rapidement excusé, en anglais, sur son compte Twitter : « Désolé pour la mauvaise comparaison. Elle a été faite à chaud et j’ai conscience que j’ai eu tort. Je m’excuse auprès de tout le monde. »
Yes, sorry for the bad comparaison I made. It was a hot reaction and I realize it was wrong. Sorry to everyone. https://t.co/rK5mmuMgqH
— airlavillenie (@Renaud LAVILLENIE ®)
Sa réaction « à chaud » a néanmoins choqué. A commencer par le Brésil et son grand quotidien populaire O Globo, pour qui « Lavillenie se compare à Jesse Owens ».
La presse brésilienne a aussi noté que le perchiste français n’avait que modérément goûté l’ambiance de stade de football qui régnait au stade olympique pendant l’épreuve. Mais Lavillenie n’était pas le seul concurrent visé. Les huées ont accompagné tous les sauts des adversaires de leur compatriote. Alors qu’il allait s’élancer pour son troisième et dernier saut, le Français a tendu le pouce vers le bas, agacé.
« Ces huées montrent que ces spectateurs n’ont aucun respect pour les valeurs olympiques. Thiago a été incroyable. Je n’ai rien à dire sur lui », précise Lavillenie. Le champion déçu raconte ce qu’il a vécu lors de son dernier saut fatidique : « Ce n’était pas la première fois qu’ils me sifflaient. Avec l’enjeu et la fatigue, tu n’as pas besoin de ça. C’est très perturbant et énervant, car tu sens la méchanceté du public. L’athlé, ce n’est pas le foot. Si c’est pour siffler, qu’ils restent chez eux devant leur télévision », assène-t-il, visiblement pas préparé à cette ambiance étonnante pour un athlète, mais habituelle depuis le début des Jeux.
Interrogé sur le sentiment qui dominait après cette finale, Renaud Lavillenie en revient inlassablement à l’ambiance : « Je ne peux pas être déçu d’être vice-champion olympique dans un stade qui était contre moi, a-t-il encore relevé. Je n’ai pas été à la hauteur de Kozakiewicz en 1980, à Moscou, mais voilà, je n’ai pas à le plaindre de ce que j’ai fait. » Référence au perchiste polonais Wladyslaw Kozakiewicz, champion olympique qui avait adressé un bras d’honneur au public moscovite qui l’avait sifflé.
Et de promettre une revanche au Brésilien Thiago Braz da Silva, qui l’a vaincu : « J’espère juste qu’en 2024 on aura les Jeux à Paris et que je lui rendrai la monnaie de sa pièce. »