« Abzû » est la suite spirituelle de « Journey », jeu d’exploration minimaliste et poétique. | Giant Squid

C’est une baignade virtuelle qui dure à peine un peu plus de deux heures, mais laisse l’impression d’avoir traversé des océans étranges et des légendes millénaires. Abzû, jeu d’exploration subaquatique sorti sur PlayStation 4 et PC le 2 août dernier, plonge l’avatar du joueur avec masque et tuba dans un monde maritime féérique et envoûtant.

Dans le grand bain de cette mer multicolore, ni adversaires, ni combats, mais une simple coulée, acrobatique et grâcile, à travers des arceaux de poissons, accroché à la nageoire d’une raie aigle, ou en contrechamp d’une baleine à l’œil gigantesque. L’expérience, essentiellement sensorielle, tient longtemps d’un lent feu d’artifice fait d’écailles et de corail, une arabesque d’algues dansantes, de balets de poissons, de reflets de lumière papillonnants .

Abzu Official Trailer - E3 2016
Durée : 01:37

Poésie des espaces

Déconcertant, Abzû s’apprécie comme une symphonie relaxante, où les notes de piano, de violon et les chœurs accompagnent pas à pas la découverte progressive de ces bas-fonds fluos peuplés de statues de requin-marteau et de cités englouties à l’architecture mauresque envoûtante. Puis, peu à peu, les décors traversés se tâchent de notes plus graves et inquiétantes, à mesure que des motifs de présence humaine – épaves, amarres, mines – viennent perturber la belle harmonie des lieux.

Les joueurs de Flower, épopée aérienne à travers plaines et zones industrielles, et de Journey, pèlerinage virtuel mystique de dunes sauvages à une montagne légendaire, reconnaîtront sans peine le style minimaliste et évocateur de son directeur artistique Matt Nova. Il s’agit de son nouveau projet, le premier en dehors du studio Thatgamecompany, lié à Sony.

Le monde aquatique d’« Abzû » se double d’une étonnante mythologie muette. | Giant Squid

Plus dilué que ses premiers chefs-d’œuvre, Abzû tient souvent plus de la flânerie onirique que de la traversée initiatique. Le message écologique, délivré par touches discrètes et sur un registre mythologique étonnant, dégage ainsi bien moins de force que le grand huit émotionnel de Journey. Il reste malgré tout une vraie poésie des espaces, une musicalité indéniable dans ces enchaînements de valées profondes colorées, de canyons engloutis à la lumière oblique, ou de ces boyaux sous-marins traversés par les courants. Courte – sûrement trop pour son prix –, mais si proche d’une immersion dans un Fantasia marin, cette aventure en palme et tuba fait l’effet d’une petite bouffée d’oxygène.

En bref

On a aimé :

  • L’expérience, dépaysante et contemplative
  • Même effet qu’une boule destressante
  • La bande-son d’Austin Wintory
  • Faire des pirouettes aquatiques


On n’a pas aimé :

  • Une construction étrange
  • Un temps de chargement pas très Grand Bleu
  • On ne peut pas jouer au water polo
  • Un monde assez froid
     

C’est plutôt pour vous si...

  • Vous avez placé une Go Pro dans votre aquarium
  • Vous aimez les jeux zen et méditatifs
  • Vous aimeriez faire copain copain avec un requin


Ce n’est pas pour vous si...

  • Vous êtes aquaphobe
  • Vous n’avez pas 20 euros à mettre dans deux heures de jeu
  • Sous l’eau les fusils à pompe ne marchent pas, c’est nul
     

La note de Pixels :
1 cl de grenadine, 1 cl de sirop de citron, 6 cl d’eau minérale, une paille.