C’est en fin de matinée, vendredi 19 août, à l’angle de deux rues passantes dans le quartier du palais de justice de Strasbourg, non loin de la synagogue loubavitch, que s’est produit le drame. Un sexagénaire portant la kippa rejoignait son domicile proche quand il a été attaqué brutalement, d’un coup de couteau dans la poitrine. D’après des témoins, l’agresseur aurait crié « Allahou akbar ! » en portant le coup. La victime a réussi à se dégager et à se réfugier dans une brasserie. Elle a été hospitalisée et ses jours ne sont pas en danger.

L’agresseur a été maîtrisé par un passant. La police est intervenue et l’a interpellé. Il a été placé en garde à vue. Arrivé sur place, le grand rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin, René Gutman, a confirmé que l’homme au couteau était connu de la police. Le 30 avril 2010, en pleine journée et dans la foule, il avait attaqué, place de l’Homme-de-Fer, dans le centre de Strasbourg, un homme de 42 ans de confession juive. Il l’avait frappé avec une barre de fer et légèrement blessé avec un couteau.

Troubles psychiatriques

A l’époque, l’agresseur avait été mis en examen pour tentative de meurtre aggravé et écroué. Mais l’information judiciaire avait conclu que, souffrant de graves troubles psychiatriques, il était pénalement irresponsable.

Trois jours plus tard, le 4 mai 2010, un rassemblement devant la synagogue de la Paix, à Strasbourg, avait réuni plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux élus et les représentants des cultes chrétiens et musulmans alsaciens, ainsi que Richard Prasquier, à l’époque président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), en solidarité avec la communauté juive strasbourgeoise.

« Placé d’office »

Aujourd’hui âgé de 44 ans, l’agresseur semble ne rien avoir perdu de sa haine antisémite. En 2010, il avait invoqué un premier placement en hôpital psychiatrique sur décision d’un médecin de confession juive. Il a plusieurs fois été poursuivi pour violences, et avait été, il y a quelques semaines, condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir dégradé des ordinateurs à la Caisse primaire d’assurance maladie de Strasbourg. Ses proches expliquent qu’ils avaient sollicité son placement en établissement spécialisé sans obtenir de réponse des autorités.

Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur, a téléphoné au grand rabbin René Gutman pour l’assurer de la solidarité du gouvernement avec la communauté juive strasbourgeoise. Le maire de Strasbourg, Roland Ries (PS), et le président de l’Eurométropole, Robert Herrmann (PS), ont déploré « un acte antisémite odieux qui constitue une agression pour toute la communauté juive de Strasbourg et, au-delà, pour chacun d’entre nous ». Le Consistoire israélite du Bas-Rhin a demandé au préfet « de prendre toutes les mesures pour que l’agresseur, qui avait déjà attaqué en 2010 un membre de notre communauté, soit placé d’office en établissement psychiatrique ».