Jacqueline Sauvage fait finalement appel de son maintien en détention
Jacqueline Sauvage fait finalement appel de son maintien en détention
Par Le Monde.fr
Condamnée à dix ans de réclusion pour le meurtre de son mari violent, elle avait bénéficié d’une grâce présidentielle en janvier. Mais, le 12 août, le tribunal d’application des peines a refusé sa demande de libération conditionnelle.
Me Nathalie Tomasini et Me Janine Bonaggiunta, avocates de Jacqueline Sauvage, le 12 août 2016. | ALAIN JOCARD / AFP
Volte-face dans l’affaire Jacqueline Sauvage. La femme de 68 ans, condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violent, a finalement fait appel du rejet de sa demande de libération conditionnelle, a-t-on appris dimanche 21 août auprès du parquet de Melun.
« Elle avait fait appel une première fois, elle s’était désistée et là elle a fait un nouvel appel de la décision de rejet du tribunal d’application des peines (TAP) d’aménagement de sa peine », a-t-on expliqué au parquet de Melun, confirmant une information d’Europe 1. Selon la radio, Jacqueline Sauvage a déposé ce nouvel appel vendredi, soit quelques jours seulement avant la date limite prévue par la procédure, fixée lundi 22 août.
Me Nathalie Tomasini et Me Janine Bonaggiunta, les deux avocates de Jacqueline Sauvage assuraient pourtant jeudi que leur cliente avait renoncé à faire appel après le refus de la justice de lui accorder une libération conditionnelle. Elle est « épuisée de l’acharnement judiciaire à son encontre », indiquaient les deux avocates.
Vague de mobilisation
A 68 ans, Jacqueline Sauvage a déjà purgé plus de trois ans de sa peine de dix ans de réclusion, principalement au titre de la détention provisoire. Elle avait été reconnue coupable, en première instance comme en appel, d’avoir tué son époux — qui la battait depuis des années et avait violé ses filles — de trois coups de fusil dans le dos en 2012. L’avocat général avait demandé la confirmation de la condamnation, jugeant que« la légitime défense n’est absolument pas soutenable ».
La condamnation de la sexagénaire avait suscité une vague de mobilisation, et la demande de grâce présidentielle formulée par ses filles avait été appuyée par de nombreux parlementaires et personnalités. Durant l’hiver, une pétition « Libérez Jacqueline ! » avait recueilli 400 000 signataires dans toute la France.
Une grâce partielle
La grâce partielle, accordée le 31 janvier par le président de la République François Hollande, semblait gagner la faveur des citoyens qui s’étaient émus de la condamnation de la femme, battue pendant plus de 40 ans. Elle semblait surtout mettre Jacqueline Sauvage sur la voie de la sortie de prison.
Mais cette décision n’annulait pas la condamnation rendue successivement par deux cours d’assises différentes. Jacqueline Sauvage reste condamnée pour « meurtre aggravé », mais avec cette grâce partielle, François Hollande permettait à l’accusée de de présenter immédiatement une demande de libération conditionnelle".
« Remettre de l’interdit dans le passage à l’acte »
Jacqueline Sauvage avait donc été transférée début février à la prison de Réau pour subir une expertise psychologique et médicale afin d’« évaluer » sa « dangerosité ». A l’issue de cette évaluation, la commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté, où siègent notamment le préfet du département et un bâtonnier, avait émis un « avis défavorable » à sa libération.
Le 12 août, le tribunal d’application des peines de Melun a refusé la libération conditionnelle de cette femme. Dans sa décision, le tribunal rappellait que Mme Sauvage a besoin d’aide psychique « pour remettre de l’interdit dans le passage à l’acte ». Cette notion d’interdit « n’apparaît pas encore vraiment intégrée par Mme Sauvage. Le sens de la peine lui échappe et elle a été confortée dans cette position par les soutiens dont elle a bénéficié, l’évolution très rapide de sa situation pénale et la médiatisation de son affaire ».
Jacqueline Sauvage va donc tenter, une nouvelle fois, de convaincre le juge d’application des peines que les conditions sont réunies pour prétendre à sa libération conditionnelle, probablement sous bracelet électronique.