Pollution automobile : l’Etat aurait protégé Renault selon le « Financial Times »
Pollution automobile : l’Etat aurait protégé Renault selon le « Financial Times »
Par Éric Béziat
Le rapport de la commission Royal sur les émissions polluantes publié fin juillet aurait omis des éléments concernant le constructeur automobile, avance le quotidien britannique.
Le « dieselgate » va-t-il toucher la France ? Renault était dans une mini-toumente boursière ce matin – plus forte baisse du CAC 40 mardi à midi – après les révélations du Financial Times (FT) sur les tests d’émissions de la commission Royal.
Selon le quotidien britannique, le rapport final de cette commission indépendante sur les émissions polluantes d’automobiles en France, publié fin juillet, aurait omis des informations clés laissant supposer que des véhicules diesel de Renault émettent dix à onze fois plus de gaz toxiques en conditions réelles que lors des tests antipollution. Contactés par Le Monde, ni Renault ni le ministère de l’environnement, que dirige Ségolène Royal, n’ont fait de déclaration.
La version Diesel du Renault Captur mise en cause
Le Financial Times, qui s’appuie sur le témoignage de 3 des 17 membres de la commission, met en cause précisément la version Diesel du Renault Captur. La trappe à oxydes d’azote – les très polluants NOx – de ce modèle fonctionnerait seulement en situation de tests, mais pas en conditions habituelles de conduite sur route. Charlotte Lepitre, membre de la commission pour l’ONG France nature environnement, citée par le FT, a confirmé au Monde que l’enquête avait mis en évidence un réglage des véhicules Renault conduisant leur système antipollution à ne plus se déclencher lorsque la voiture roule longtemps. Aucun de ces faits n’apparaît pas dans le rapport final du 29 juillet.
Le FT suppose que l’Etat, qui avait mené une opération transparence après le scandale des moteurs truqués de Volkswagen, a, au vu des résultats, tenté de préserver l’entreprise dont il est actionnaire à 20 %. Un soupçon que partage Jos Dings, le directeur général de l’ONG bruxelloise Transport et Environnement :
« C’est un nouvel exemple d’un gouvernement protégeant le fleuron de son industrie nationale. Mais ce n’est pas propre à la France. Le gouvernement italien protège Fiat, le gouvernement allemand protège Volkswagen, BMW et Daimler, et la Grande-Bretagne protège les intérêts britanniques. »
Contactés par le FT, les officiels de Renault ont nié avoir utilisé un logiciel pour tricher lors des tests d’émission. « Nos modèles sont conformes à la loi et aux normes dans tous les marchés où ils sont vendus », cite le journal. « Si Renault n’a rien à se reprocher, pourquoi ont-ils modifié les réglages antipollution ? », s’interroge Charlotte Lepitre. Renault a en effet rappelé en janvier 15 000 véhicules pour régler leurs moteurs après qu’une première série de résultats des tests de la commission Royal a été effectués.
Si le rapport final ne cite pas nommément Renault, il n’est pas pour autant lénifiant. Il souligne que de nombreux dépassements de seuils antipollution ont été enregistrés et n’a pas exclu que d’autres constructeurs que Volkswagen recourent à des logiciels tricheurs.