Une peluche de Pikachu. | PAUL J. RICHARDS / AFP

« L’engouement pour Pokémon Go devient un peu Ramoloss. » C’est, pour reprendre le fabuleux titre de Slate, le principal enseignement d’un article de Bloomberg du 23 août. sur le supposé « déclin » précoce du jeu phénomène de l’été.

S’appuyant sur les données des sociétés de veille sur smartphone Sensor Tower, SurveyMonkey, et Apptopia, ainsi que de la firme de conseil en investissement Axiom Capital, le site économique américain révèle qu’après avoir connu une croissance exponentielle de son nombre d’utilisateurs durant ses deux premières semaines, et après avoir atteint un pic (achu) à 45 millions de joueurs quotidiens le 21 juillet, celui-ci est en baisse constante depuis.

Bloomberg/Apptopia

Plusieurs médias évoquent d’ores et déjà le « déclin » du phénomène Pokémon Go, ce qui n’a pas manqué de faire hurler les spécialistes de l’industrie mobile, pour qui l’article de Bloomberg fait « Papilusion ». A l’image du président de la firme Super Data, qui rappelle que ce recul est normal pour un jeu gratuit et ne présage pas de son futur :

« Parler de déclin de “Pokémon Go” est prématuré et mal informé. Bien sûr qu’il y a une chute après la phase de lancement. C’était pareil pour KKH [Kim Kardashian Hollywood, un autre jeu mobile extrêmement populaire]. »

L’article de Bloomberg a même provoqué l’ire de Serkan Toto, l’un des spécialistes les plus respectés de l’industrie, qui, sur Twitter, a évoqué une analyse « pathétique », « preuve que très peu d’investisseurs comprennent comment cette industrie fonctionne ».

Le président de la société de conseil japonaise Kantan Games confirme que la décroissance du nombre d’utilisateurs quotidiens n’a rien d’étonnant ni d’alarmant. « La question maintenant, souligne-t-il, c’est comment Niantic garde les joueurs restants et les amène à dépenser de l’argent. Il y a énormément de jeux dont le chiffre d’affaires augmente alors que leur nombre d’utilisateurs actifs quotidiens baisse. »

Sorti le 6 juillet aux Etats-Unis, en Australie et en Nouvelle-Zélande, ce jeu vidéo pour mobile, développé par une ancienne start-up liée à Google, s’est placé numéro un des téléchargements dans soixante-dix pays simultanément, a été installé 130 millions de fois en un mois, et a franchi la barre des 100 millions de dollars de revenus générés en seulement vingt jours, autant de records déjà homologués par le Guinness Book.

Lancé dans plus d’une quarantaine de pays en juillet, dont des marchés majeurs comme les Etats-Unis, la France ou encore le Japon, Pokémon Go n’a été déployé qu’en août au Brésil, et n’est pas encore officiellement disponible en Inde, en Corée du Sud ou encore en Chine.

Enfin, avec 30 millions d’utilisateurs quotidiens le 16 août, dernière mesure en date, le nombre total de joueurs actifs reste tout d’abord colossal, et le recul très lent et limité (seulement 5 millions de joueurs quotidiens perdus en deux semaines). Signe d’un jeu qui, après une phase d’hystérie médiatique, a trouvé son rythme de croisière et « Roucool » désormais.