Le 19 août à Rio, Cheick Cissé (22 ans) est devenu le premier ivoirien à remporter une médaille d’or aux Jeux Olympiques. C’était en taekwondo, dans la catégorie des moins de 80 kg, face au britannique Lutela Muhammad. Revenu à Abidjan le week-end dernier, Cheick Cissé se projette déjà vers l’avenir.

Qu’avez-vous fait depuis le 19 août ?

J’ai savouré ma victoire. Et je suis resté une semaine de plus à Rio, pour m’amuser, me décontracter. J’en avais besoin.

L’accueil à Abidjan était-il à la hauteur de l’évènement ?

Oui. J’ai vraiment reçu un très bel accueil, avec Ruth Gbagbi, qui a obtenu la médaille de bronze, également en taewondo. De ma famille, de mes amis, de mon club (INEKA) mais aussi des ivoiriens. Il y a avait beaucoup de monde. J’ai aussi rencontré le Premier Ministre, Daniel Kablan Duncan, et plusieurs ministres.

Et dimanche soir, j’ai vu le Président de la République, Alassane Ouattara, à l’aéroport, car il revenait d’un déplacement officiel. Il m’a félicité pour cette médaille d’or, la première de la Côte d’Ivoire aux Jeux Olympiques. C’est une énorme fierté. Je crois aussi qu’il est prévu d’organiser une tournée dans le pays pour que nous montrions nos médailles aux ivoiriens.

Et qu’allez-vous faire dans l’immédiat ?

Me reposer pendant un mois. Il le faut. J’ai beaucoup travaillé en vue de ces jeux Olympiques. Je me suis entraîné à Abidjan, puis j’ai effectué deux stages intensifs en Espagne et en Allemagne.

A la lecture de vos résultats en 2015 et en 2016, avant les JO [en 2015, il a été médaillé d’or aux Jeux Africains et au Grand Prix de Moscou et en 2016 médaille d’or aux championnats d’Afrique], votre performance n’a rien d’un hasard…

Je m’étais préparé dans l’objectif de décrocher une médaille à Rio. Je faisais partie des favoris, c’est vrai. Je vous avoue que j’ai encore plus travaillé que d’habitude en vue des JO. Aux yeux des spécialistes, j’étais un des trois favoris pour obtenir une médaille dans ma catégorie. En 2015, j’avais eu de bons résultats. Aux Grands Prix en Turquie (argent) et à Manchester (bronze), j’avais décroché deux podiums. Cela fait plusieurs années que je progresse. Après ma période de repos, je vais reprendre l’entraînement en vue du Grand Prix de décembre, qui aura lieu au Canada.

A quel âge avez-vous décidé de faire du taekwondo ?

Vers 6 ans. A Bouaké, où je suis né, je faisais aussi du foot. Mais quand je suis arrivé à Abidjan, où mon père, instituteur, venait d’être affecté, je me suis tourné vers ce sport. Quand je suis arrivé à INEKA Taekwondo, mon second club, j’ai rencontré le Maître Christian Kragbe. Il a toujours cru en moi. Il est dur, exigeant, mais juste. Pour moi, c’est comme un second père. Il m’a beaucoup fait progresser.

En Côte d’Ivoire, il y a le football et le reste. Existe-t- il une place pour votre discipline ?

J’en suis convaincu. Il y a aujourd’hui à ma connaissance un peu plus de 4 000 licenciés en Côte d’Ivoire. Le but, c’est de multiplier ce nombre par trois. La médaille d’or de Ruth Gbagbi et la mienne peuvent y contribuer et inciter des jeunes à se tourner vers le taekwondo. Le Président de la République, qui était très heureux de ces deux médailles, m’a dit quand je l’ai rencontré qu’il allait faire quelque chose pour notre discipline. La Fédération de Taekwondo fait beaucoup pour le développement de ce sport, et si elle a des moyens supplémentaires, elle pourra encore faire plus.

Le taekwondo vous fait-il vivre ?

Non. Je gagne un petit peu d’argent, qui me permet de me faire un peu plaisir, ainsi qu’à ma famille [il a quatre frères et une sœur], mais pas assez pour être encore complètement autonome. Je vis encore chez mes parents à Abidjan, car je suis étudiant à l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS), dans le but de devenir professeur de taekwondo. D’ailleurs, je vais bientôt me rendre à l’INJS pour présenter ma médaille. Et ensuite pour reprendre mes cours…