Coqueluche : et si le vaccin passait par un patch ?
Coqueluche : et si le vaccin passait par un patch ?
Par Juliette Garnier
Après avoir mis au point un traitement contre les allergies à l’arachide, la biotech DBV Technologies décline son concept de patch sur le marché de la vaccination contre la coqueluche.
Un patch Viaskin. | DBV Technologies
DBV Technologies se diversifie dans la vaccination. La biotech française connue pour ses patchs Viaskin de traitement des allergies à l’arachide a annoncé, mardi 6 septembre, le « démarrage d’une étude clinique de phase I sur un nouveau vaccin épicutané de rappel contre la coqueluche ». Cette méthode d’administration d’un vaccin sera testée sur une population d’une soixantaine de personnes dans les services du Pr Claire-Anne Siegrist, directrice du centre de vaccinologie des Hôpitaux universitaires de Genève. Le premier sujet de cette étude vient d’être recruté. « Les résultats devraient être obtenus au premier semestre 2017 », précise au « Monde » le Dr Pierre-Henri Benhamou, PDG de DBV Technologies.
Pour l’heure, ce patch permet de remplacer le vaccin de rappel recommandé aux patients à l’âge de 25 ans, soit une vingtaine d’années après les injections administrées dans l’enfance. Car cette maladie respiratoire très contagieuse est redevenue une pathologie fréquente du jeune adulte, faute du rappel de vaccin. L’injection contre la coqueluche « présente aujourd’hui moins de risques d’effets secondaires mais sa protection est moindre et moins durable », décode le Dr Benhamou.
Le patch Viaskin RPT de rappel sera produit à partir de l’antigène (le principe actif de la toxine de la coqueluche) issu des laboratoires de Bio-Net Asia. La biotech espère ainsi « faire la preuve du concept » de son patch pour « explorer d’autres champs d’applications vaccinales », explique le dirigeant. Et – qui sait ? – signer d’autres partenariats avec des fabricants d’antigène.
Adapté aux pays en développement
Car, sur le papier, ce procédé d’immunothérapie a tout pour plaire. Pas de seringue. « Il est simple, non intrusif, ne nécessite aucune injection, aucune préparation », fait valoir le Dr Benhamou. Auto-administrable, le patch est collé sur la peau. Sa chambre hermétique l’hydrate. Ainsi, le principe actif traverse les couches superficielles de l’épiderme et migre vers le système immunitaire. En outre, ce procédé breveté par DBV présente l’avantage « d’être dépourvu d’adjuvants ». Sa formule est stable : il ne doit pas être conservé dans un réfrigérateur, contrairement aux vaccins par injection. Dès lors, cette méthode d’administration pourrait être adaptée aux populations des pays en voie de développement où précisément les équipements frigorifiques sont rares.
Il reste à convaincre les fabricants de toxine. Ce ne sera pas évident. La plupart sont précisément des fabricants de vaccins administrés par injection, reconnaît le Dr Benhamou. Les plus grands groupes n’auraient guère intérêt à fournir ces toxines à un procédé concurrent jugé révolutionnaire.
Cotée à Paris depuis 2012 et à New York depuis 2015, DBV – la société pèse déjà 1,4 milliard d’euros en Bourse – profite d’un vent favorable. Le lancement de cette étude intervient quelques mois après la signature d’un accord exclusif avec Nestlé pour développer un patch de diagnostic des allergies au lait.
Sur le marché de la vaccination, M. Benhamou jure ne pas avoir de compétiteur. La firme cofondée en 2002 avec son ami, le professeur Christophe Dupont, n’est cependant pas la seule à s’intéresser à ce gigantesque marché. Il lui faut faire vite. Le groupe américain Merck finance les études du chercheur australien Mark Kendall qui, en 2011, a mis au point un nanopatch hérissé de 20 000 minuscules aiguilles pour administrer des vaccins. En février, ce procédé a permis d’administrer le vaccin de la polio à un rat. D’ici à la fin de l’année, M. Kendall devrait le tester sur un être humain.