Coupe Davis : Juan Martin Del Potro, retour gagnant
Coupe Davis : Juan Martin Del Potro, retour gagnant
Par Iris Chartreau
Médaillé d’argent à Rio, quart de finaliste à l’US Open, l’Argentin qui pointait à la 1 042e mondial en janvier, joue ce week-end une demi-finale de Coupe Davis contre la Grande-Bretagne.
Après deux ans d’absence à l’US Open, Juan Martin del Potro s’est frayé un chemin jusqu’en quarts de finale au début de septembre. | Alex Goodlett / AFP
Si l’on pouvait arrêter la saison 2016 maintenant et attribuer les ATP World Tour Awards – les prix décernés par l’Association des joueurs de tennis professionnels aux joueurs qui se sont illustrés sur la saison –, Juan Martin Del Potro obtiendrait sûrement celui de meilleur come-back de l’année. Médaillé d’argent à Rio, quart-de-finaliste à l’US Open la semaine dernière, celui qui pointait à la 1042e mondial en janvier, joue ce week-end en simple une demi-finale de Coupe Davis avec le statut de leader de l’équipe argentine.
A 27 ans, Juan Martin Del Potro et sa joie sincère de retrouver le haut niveau apportent un vent de fraîcheur sur le circuit professionnel. Car, depuis deux ans, le vainqueur de l’US Open 2009 a passé plus de temps à côtoyer les médecins que ses collègues du circuit. L’Argentin a connu une carrière mouvementée, tantôt marquée par de brillantes victoires, tantôt par les blessures suivies de longs mois d’entraînements intensifs afin de revenir à la compétition. Il y a un peu plus d’un an, au moment où la crème du tennis mondial se préparait pour Wimbledon, il était encore à l’hôpital pour une troisième opération au poignet gauche.
L’épouvantail du circuit
Pourtant, après son triomphe à New York à l’âge de 20 ans, Juan Martin Del Potro, cinquième joueur mondial, est appelé à un brillant avenir. Malheureusement, trois tournois plus tard, il disparaît du circuit pour une première opération au poignet droit.
A son retour à la compétition en 2011, il est classé 259e joueur mondial. Ce qui ne l’empêche pas de remporter deux tournois (Estoril et Delray Beach) et de s’arrêter à la porte du top 10 à la fin de l’année. Sa progression se poursuit en 2012. Il atteint les quarts de finale de trois des quatre tournois du Grand Chelem (Open d’Australie, Roland-Garros et US Open), un huitième de finale à Wimbledon et soulève quatre trophées (Marseille, Estoril, Vienne et Basel) et repart des Jeux olympiques de Londres avec une médaille de bronze autour du cou. Il passe d’ailleurs tout près d’une finale Olympique au cours de son match face à Roger Federer (numéro 1) perdu sur le fil, 19-17 au troisième set décisif.
Ses bons résultats lui permettent de s’inviter au Masters, le tournoi annuel de fin de saison des huit meilleurs joueurs du monde. L’un des rares joueurs à avoir battu à la fois Roger Federer (numéro 1) et Novak Djokovic (numéro 2) cette année-là, fait à nouveau peur aux plus grands joueurs et affiche le statut d’un potentiel vainqueur de Grand Chelem. S’il ne remporte aucun des quatre tournois majeurs en 2013, il accède aux demi-finales de Wimbledon et glane à nouveau quatre titres (Rotterdam, Washington, Tokyo et Basel).
Combattant
Mais il y a deux ans, alors qu’il est cinquième joueur mondial, « la Tour de Tandil », du nom de sa ville natale en Argentine, met un terme à sa saison dès le mois de février pour subir une opération au poignet. Malgré une tentative de retour en janvier 2015, la douleur l’oblige à repasser entre les mains des chirurgiens. En deux ans il n’aura disputé que quatorze matchs en compétition officielle.
Cet arrêt complet loin des circuits n’éteint pas son amour pour le tennis. Le combattant, toujours aussi généreux sur le court et en dehors, est de retour parmi les meilleurs en 2016. Après un début de saison satisfaisant, le géant de 1,98 m au coup droit dévastateur explose cet été. Aux Jeux olympiques, il réussit l’exploit de faire tomber, dès le premier tour, le favori du tournoi, Novak Djokovic, le numéro 1 mondial qui court après une première médaille d’or. En demi-finales, il fait plier Rafael Nadal (numéro 5) déjà titré en double et ne cède qu’en finale, à bout de force, face à Andy Murray (numéro 2). Des milliers de personnes viennent l’acclamer sous le balcon de la mairie de Tandil à son retour de Rio.
La semaine dernière, c’est le public new-yorkais qui ovationne son chouchou en quarts de finale. Juste avant la balle de Stan Wawrinka qui signe la fin de son beau parcours, Juan Martin Del Potro est applaudi plusieurs minutes. Touché, le joueur verse quelques larmes et déclare ensuite au micro de la télévision américaine : « Je ne m’attendais pas à me retrouver en quarts aussi rapidement après mon retour sur le circuit. Il y a quelques mois, je me demandais si je n’allais pas arrêter ma carrière. »