Coupe Davis : « On est tellement prêts », assure Yannick Noah avant d’affronter les Croates
Coupe Davis : « On est tellement prêts », assure Yannick Noah avant d’affronter les Croates
Par Henri Seckel (Zadar, Croatie)
La demi-finale de l’épreuve débute vendredi à Zadar, en Croatie. En dépit des forfaits de Tsonga et de Monfils, le capitaine de l’équipe de France se montre optimiste
De gauche à droite : Nicolas Mahut, Pierre-Hugues Herbert, Yannick Noah, Lucas Pouille, Richard Gasquet. Et devant, Jean Gachassin, qui n’est donc pas tennisman. | Le Monde / HS
« C’est magnifique, il fait bon, on est au bord de l’eau, on se dit qu’on est des privilégiés et qu’on a la belle vie. On va bien sûr avoir des matchs difficiles, mais on travaille quand même dans des conditions fantastiques. On pense à nos pauvres potes qui sont sur le périph’, donc on en profite. » Yannick Noah, ou l’art de prendre du recul.
Il faut dire que le cadre dans lequel a eu lieu le tirage au sort de la demi-finale de la Coupe Davis face à la Croatie (16-18 septembre), jeudi à Zadar, incite à se détendre : au pied de la somptueuse église Saint-Donat (IXe siècle), avec l’Adriatique et l’île d’Ugljan en toile de fond. On a connu pire.
L’église Saint-Donat, à Zadar. Le tirage au sort avait lieu en bas, à gauche. | Le Monde / HS
Alors qu’importent les turbulences traversées, ces jours-ci, dans la dernière ligne droite vers une rencontre devenue en peu de temps plus périlleuse que prévu pour l’équipe de France. Ses deux meilleurs joueurs ont déclaré forfait : Jo-Wilfried Tsonga, d’abord, Gaël Monfils, ensuite, remplacé, à deux jours seulement du premier match, par un Richard Gasquet à court de compétition et de forme.
Un sacré coup dur. Mais le capitaine des Bleus voit le verre à moitié plein : « Vous savez, il y a toujours plein de leçons derrière les coups durs. Chaque problème est une opportunité pour grandir, pour apprendre. Ça [la défection de Gaël Monfils], ça a été un épisode... très intéressant. Et on va s’en servir pour souder encore plus notre équipe, pour préciser encore plus l’esprit qui doit être le nôtre. Faut toujours prendre l’angle positif. Pour nous l’objectif, c’est de gagner ce match. Qu’est-ce que ça va être bon, dimanche, quand on aura gagné. »
« C’est l’adrénaline, ça monte »
Alors seulement, peut-être, saura-t-on ce qui s’est dit à Zadar entre Gaël Monfils, à bout de force après sa demi-finale à l’US Open et venu en Croatie pour en repartir quarante-huit heures plus tard, et Yannick Noah, chez qui on a senti une espèce d’agacement après la défection de son joueur no 1, dont les raisons restent floues.
« Gaël s’est entraîné mardi, il a ressenti des douleurs au genou, et le lendemain, il m’a dit qu’il n’était pas en état de jouer, donc j’ai décidé pour la cohésion du groupe, pour l’état d’esprit du groupe, qui a déjà été défini depuis le début de mon mandat, qu’un joueur qui n’était pas prêt à nous représenter pouvait partir. Donc il est parti. Je lui ai demandé de partir (...). Parce qu’en restant là, il ne sert à rien. Il ne peut pas servir de sparring-partner, il est blessé, donc il part. Je fais travailler le karma, voilà. Tu gères, mec. C’est sa décision, ben il part. » On n’a pas tout compris, pour être honnête. Noah a annoncé « un débriefing après la rencontre pour préparer la suite ». Il avait l’air un peu chafouin. « Non, c’est l’adrénaline, ça monte. »
Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert, la paire de double française, jeudi à l’entraînement, dans le Kresimir Cosic Hall. | Le Monde / HS
Si l’épisode rappelle vaguement « l’imbroglio Tsonga » lors de la finale France-Suisse en 2014, l’atmosphère à Zadar est autrement plus détendue que celle de Lille il y a deux ans, et c’est en partie dû à la personnalité de Noah, capable malgré tout de blaguer en annonçant qu’il est lui-même blessé et qu’il va rentrer à Paris, ou en imitant l’accent de Richard Gasquet, encore remplaçant il y a deux jours, désormais leader des Bleus (« Putaing, je suis numéro ung, cong ! »).
Même l’idée de se faire pourrir par les neuf mille supporteurs croates du Kresimir Cosic Hall à partir de vendredi paraissait réjouir le capitaine des Bleus : « Tout est bien, c’est une question de perspective. On va avoir un public qui va nous crier dessus, c’est bien, c’est motivant de jouer dans ces conditions. Ça va être une drôle d’ambiance, c’est super, moi j’aime tout ce qui est drôle. Toute l’adversité, tout ce qu’on a dû vivre jusqu’à présent, ça va nous servir pour être plus motivés, pour avoir la rage. On est tellement prêts... »
Après leur victoire 3-0 samedi, les Bleus pourront aller se détendre en dansant sur du Igor Cukrov au Yachting, si l’on en croit les murs de la vieille ville. | Le Monde / HS
• LE PROGRAMME
Vendredi, à partir de 14 heures
Richard Gasquet / Borna Coric
Lucas Pouille / Marin Cilic
Samedi, à partir de 15 heures
Nicolas Mahut – Pierre-Hugues Herbert / Marin Cilic – Ivan Dodig
Dimanche, à partir de 14 heures
Richard Gasquet / Marin Cilic
Lucas Pouille / Borna Coric
P.-S. Jeudi, avant le tirage au sort, de jeunes Zadariotes avaient l’occasion de taper la balle avec un ancien vainqueur en Grand Chelem (Marin Cilic, US Open 2014) et de recevoir l’autographe d’un futur vainqueur en Grand Chelem (Borna Coric, tous les Grand Chelem à partir de 2020).
Bonne ambiance à Zadar, à la veille de Croatie-France
Durée : 00:43
Yannick Noah, en difficulté au moment d’enfiler son pantalon, juste avant de poser pour les photographes. | Le Monde / HS
Les interviews des équipes (en bas à droite, Noah) ont eu lieu dans l’église Saint-Donat, qui n’a aujourd’hui plus de fonction religieuse, et sert d’enceinte pour différentes manifestations culturelles. | Le Monde / HS
L’entraînement de Borna Coric face à huit enfants, au pied de l’église Saint-Donat, jeudi. | Le Monde / HS
Yannick Noah, tellement cool. | Le Monde / HS