Les premiers camions d’aide humanitaire entrent en Syrie
Les premiers camions d’aide humanitaire entrent en Syrie
Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters
Une vingtaine de camions transportant de la nourriture sont entrés en Syrie par la Turquie, mais ils attendent toujours l’autorisation de Damas pour se rendre dans les villes assiégées.
Un enfant dans la ville syrienne de Kamechliyé, dans le nord-est du pays, le 13 septembre 2016. | DELIL SOULEIMAN / AFP
Le cessez-le-feu en vigueur depuis quarante-huit heures en Syrie, et dont le prolongement pour quarante-huit heures supplémentaires a été convenu par les Etats-Unis et la Russie, a permis une réduction spectaculaire du niveau de violences sur le terrain et, depuis jeudi 15 septembre, le début, certes lent, de l’acheminement de l’aide humanitaire vers une vingtaine de villes.
A la suite de plaintes du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et de l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, à propos des blocages par les forces syriennes, les premiers camions remplis de nourriture se sont mis en route. Jan Egeland, haut responsable des Nations unies, a fait savoir en début d’après-midi qu’ils avaient « franchi la frontière » turque et attendaient dans une « zone tampon » entre la Turquie et la Syrie. « Ils sont prêts à prendre la route immédiatement », dit ce même responsable.
La route du Castello, point de passage obligé, libéré par des forces loyalistes
Le trajet que les camions onusiens doivent emprunter pour rallier les secteurs contrôlés par les insurgés passe par la route du Castello | ABDALRHLAN ISMAIL/REUTERS
La nourriture doit être livrée à des centaines de milliers de Syriens coincés dans les villes assiégées, en grande majorité par les troupes loyalistes, notamment la partie est d’Alep.
Le blocage était jusqu’ici principalement dû au refus du gouvernement syrien de garantir le passage sans entrave des camions et à sa volonté de coordonner le passage de chaque véhicule. Or, la déclaration de cessez-le-feu signée à Genève autorise la distribution d’aide à partir des pays voisins de la Syrie, comme la Turquie, sans l’aval de Damas, et ne lui donne aucun droit de regard sur ce qui est livré aux quartiers rebelles.
Le trajet que les camions onusiens doivent emprunter pour rallier les secteurs tenus par des insurgés passe par la route du Castello, où la Russie avait installé un « poste d’observation mobile ».
Les combattants loyalistes qui le contrôlaient encore jeudi matin ont commencé à se retirer de cet axe vital pour acheminer l’aide humanitaire dans l’après-midi, selon le chef du centre russe de coordination en Syrie : « Conformément à leurs engagements, les forces syriennes ont commencé le retrait par étapes de leur matériel de combat et de leur personnel. »
La France demande à connaître le contenu de l’accord
Si le cessez-le-feu semble tenir, mettant entre parenthèses momentanément un conflit qui a fait plus de 300 000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés depuis mars 2011, ses contours diplomatiques restent flous. Au moins, aux yeux de la France.
Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault, a demandé aux Etats-Unis de partager « rapidement » avec leurs alliés le contenu de l’accord conclu avec la Russie. Il prévoit une coopération militaire contre les groupes « terroristes », notamment l’organisation Etat islamique et le Front Fatah Al-Cham, ex-Front Al-Nosra, si le cessez-le-feu tient une semaine. Mais le détail de leur accord est resté secret.
La France craint que l’opposition modérée ne fasse les frais de bombardements visant les deux groupes djihadistes. M. Ayrault estime que si le contenu de l’accord est rendu public, « cela nous permettra de mieux comprendre ce qui a été négocié pour en garantir l’efficacité » :
« Ce qui est important, c’est qu’il y ait une bonne information et j’espère que nous l’aurons rapidement. Il faut bien distinguer les groupes, les connaître et ne pas prendre le moindre risque de frapper des formations de l’opposition modérée. Il y aura une opportunité pour qu’on puisse se parler très vite, c’est l’Assemblée générale des Nations unies [la semaine prochaine], où on sera tous présents. »
L’ambassadeur russe auprès de l’Organisation des Nations unies, Vitali Tchourkine, a souhaité jeudi que le Conseil de sécurité adopte une résolution soutenant l’accord conclu entre Moscou et Washington. « Nous y travaillons », a-t-il dit, en souhaitant qu’elle soit adoptée lors d’une session du Conseil prévue mercredi.