Rixe de Sisco : des peines de 6 mois avec sursis à deux ans ferme prononcées
Au procès de la rixe de Sisco, des peines de prison allant de six mois avec sursis à deux ans ferme
Le Monde.fr avec AFP
La bagarre, survenue le 13 août, entre une famille d’origine marocaine et des habitants de ce village côtier du Cap Corse avait ravivé les tensions sur l’île.
Des centaines de personnes se sont réunies, le 15 septembre, devant le tribunal correctionnel de Bastia en soutien aux deux villageois jugés dans l’affaire de la rixe de Sisco. | PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
Le tribunal correctionnel de Bastia a rendu, vendredi 16 septembre à l’aube, son jugement dans l’affaire de la rixe de Sisco (Haute-Corse). Les cinq prévenus ont été condamnés à des peines allant de six mois de prison avec sursis à deux ans ferme.
Mustapha Benhaddou se voir infliger la sanction la plus lourde pour violence en réunion avec armes lors de cette bagarre, le 13 août, entre une famille d’origine marocaine et des habitants de ce village côtier du Cap Corse.
Déjà condamné à de multiples reprises et décrit comme l’élément déclencheur des événements au cours de l’audience, il a été maintenu en détention. Les deux villageois jugés ont été condamnés respectivement à un an et à huit mois avec sursis ; deux frères de M. Benhaddou – absents lors du procès – à six mois avec sursis. Un quatrième membre de la fratrie n’a quant à lui jamais été interpellé et n’a pas pu être jugé.
La veille, le procureur de la République Nicolas Bessone avait requis des peines allant jusqu’à trente mois de prison, dont vingt-quatre de prison ferme, à l’encontre des prévenus, évoquant « une crise paroxystique où tous les bas instincts sont ressortis ». « La société française et la société corse, qui en fait partie, sont traversées par des fractures, mais ce n’est pas la réalité du dossier, qui est à la fois quelque chose de plus classique et de plus minable », avait-il fustigé.
« On a frôlé la catastrophe »
Les heurts avaient fait quatre blessés et nécessité l’intervention d’une centaine de membres des forces de l’ordre. A l’origine des troubles, des photos prises depuis le bord de la route. Installé avec sa famille depuis le matin dans une petite crique de Sisco, Mustapha Benhaddou n’avait pas apprécié les clichés et l’avait fait savoir, d’abord à un couple de touristes puis à un groupe de jeunes.
Des invectives avaient été échangées avec ceux-ci. M. Benhaddou a reconnu avoir « secoué et giflé » Jerry Neumann, un jeune du village âgé de 18 ans, partie civile au procès. La rixe a pris de l’ampleur quand des villageois sont descendus porter secours aux jeunes « secoués », déclenchant ce que le procureur a qualifié de « lynchage collectif » : « On a frôlé la catastrophe. »
Le président de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni discute avec des manifestants rassemblés à l’extérieur du palais de justice de Bastia, le 15 septembre. | PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
Devant le palais de justice, plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées en début d’après-midi pour soutenir les deux Siscais, à l’appel notamment du parti indépendantiste Corsica Libera, dont le président de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, est un des dirigeants. Invoquant la « sûreté des prévenus » et critiquant « l’immixtion du politique » dans l’affaire, les avocats d’un des frères marocains avaient demandé le dépaysement du procès, une demande rejetée jeudi matin.
Tensions ravivées sur l’île
Quelques mois après l’agression de pompiers dans un quartier populaire d’Ajaccio le soir de Noël, qui avait été suivie d’une manifestation émaillée de slogans racistes et du saccage d’une salle de prière musulmane, la rixe de Sisco a ravivé les tensions sur l’île.
Le flou initial à propos des circonstances des échauffourées y avait contribué. Au lendemain des incidents, aux cris de « Aux armes ! » et « On est chez nous ! », quelque 500 personnes avaient défilé à Bastia dans le quartier populaire de Lupino, où certains pensaient que les familles impliquées vivaient.
Le 16 août, le maire de Sisco, Ange-Pierre Vivoni (DVG), avait quant à lui interdit le burkini dans sa commune. Sa décision avait été validée par le tribunal administratif de Bastia, qui a pris le contre-pied du Conseil d’Etat et mis en avant ces heurts pour justifier sa décision.