Marine Le Pen attend ses adversaires et se pose en candidate du « peuple »
Marine Le Pen attend ses adversaires et se pose en candidate du « peuple »
Par Olivier Faye
La présidente du FN, qui se place dans la perspective du second tour de la présidentielle a prononcé, dimanche à Fréjus, un discours qui ratisse large.
David Rachline et Marine Le Pen pendant la table ronde de Marion Marechal Le Pen et Steeve Briois, aux Estivales à Fréjus, dimanche 18 septembre. | © Cyril Bitton / french-politics pour Le Monde
A Fréjus (Var), le soleil de l’été brillait encore, samedi 17 et dimanche 18 septembre, pour les « Estivales » du Front national. « C’est toujours les vacances… », s’amusait-on au sein du parti. Non pas que la formation lepéniste chôme en cette rentrée. Mais à huit mois de l’élection présidentielle de 2017, la précampagne de sa candidate Marine Le Pen semble emprunter un faux plat, en l’absence d’adversaires connus, à droite comme à gauche.
La présidente du FN a profité de l’événement pour officialiser la nomination du maire de la ville David Rachline comme directeur de sa campagne. Elle a aussi présenté un nouveau slogan — « au nom du peuple » — qui remplace celui de « la France apaisée » : le mot d’ordre, qui rappelle celui de la campagne présidentielle de Jean-Marie Le Pen en 1988 (« Le Pen, le peuple »), va accompagner la députée européenne au moins jusqu’en février. Mais ces deux annonces peinent à animer une séquence qui revient, selon Mme Le Pen, à « courir le 100 mètres sans adversaires ».
La frontiste poursuit son objectif de rassemblement
Lors du deuxième jour des « Estivales » dimanche 18 septembre à Fréjus. | © Cyril Bitton / french-politics pour Le Monde
Dans l’attente de la désignation des candidats du Parti socialiste et des Républicains, la frontiste poursuit son objectif de rassemblement. Celle qui se place dans la perspective du second tour de la présidentielle a prononcé, dimanche, un discours qui ratisse large. La défense du « petit Français » a pris des accents de « grandeur » gaullienne ; la lutte contre « la grande pauvreté » s’est articulée avec le combat contre « les contraintes » et les « niveaux d’imposition (…) les plus élevés de l’OCDE ».
Dès le début de son propos, la candidate a répondu sans le nommer au journaliste Eric Zemmour, qui lui a reproché d’abandonner le combat identitaire au profit de celui pour la souveraineté. « Il n’y aura pas d’identité sans souveraineté », a lancé Mme Le Pen, déplorant « l’ingérence » de l’Union européenne et que « l’intégrité du territoire comme l’identité de la France ne sont plus garanties aux Français ».
Une manière aussi de souligner, en creux, sa différence avec Nicolas Sarkozy, qui centre sa campagne sur la question de l’identité mais veut toujours s’inscrire dans le cadre européen. En cette rentrée, l’ancien chef de l’Etat fait presque office de mètre étalon. L’entourage de Mme Le Pen a ainsi promis tout au long du week-end un « discours de haute volée, pas du trash à la Sarko ». Ce qui n’a pas empêché la fille de Jean-Marie Le Pen de s’en prendre à une supposée « religion immigrationniste ».
Surtout, la présidente frontiste a appelé les Français à se réunir sur son nom « au-delà de nos différences, au-delà de nos histoires personnelles et de nos préférences partisanes », assumant un propos qu’elle pourrait reproduire à l’identique en mai 2017 durant un éventuel entre-deux tours présidentiel.
Le parti lepéniste va égrener durant les mois à venir huit conventions thématiques, qui seront conclues par la révélation du programme de la candidate lors d’une grande convention présidentielle, en février. Les annonces relatives à l’organisation de la campagne devraient, elles aussi, rythmer les prochaines semaines.
Selon plusieurs sources, un « conseil stratégique de campagne », réunissant à parité des dirigeants du Front national et des personnalités extérieures au parti, va être créé. « L’intérêt d’une présidentielle, c’est de puiser dans le vivier du parti mais d’avoir aussi une ouverture à la société civile », a estimé Mme Le Pen lors d’un échange avec la presse. En somme, de montrer que le FN est capable de se décloisonner.