Justin Bieber chante en play-back pour ses fans
Justin Bieber chante en play-back pour ses fans
Par Stéphanie Binet
En concert deux soirs à Bercy, le chanteur a privilégié l’échange avec son public et le spectacle.
Le chanteur canadien Justin Bieber sur la scène de l’AccorHotels Arena à Paris, le 20 septembre 2016. | CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP
Aller voir Justin Bierber en concert, c’est – quitte à être taxé de misandrie – avoir la preuve qu’un homme ne peut pas faire deux choses en même temps. Entre danser et chanter, le jeune interprète canadien a choisi : il danse. Son micro, il le cale sous son aisselle, ou le pose sur le sol et laisse une bande tourner pendant qu’il exécute quelques pas avec sa douzaine de danseurs. Côté chorégraphies, celles-ci ne sont pas non plus des plus compliquées, en tout cas à des années-lumière de celles, très sophistiquées, de Beyoncé ou de Rihanna. Devant ses fans, Justin Bieber ne fait même pas l’effort de faire semblant de chanter.
Mardi 20 septembre, l’AccorHotels Arena de Paris, où il joue deux soirées consécutives, est bondé de jeunes filles éprises et de jeunes gens qui ont laissé pousser leur mèche blonde afin de la rejeter négligemment d’un coup de tête en arrière. Que leur idole de 22 ans assume avec aplomb de chanter en play-back ne les dérange pas, les « Beliebers » comme on les appelle continuent à crier son nom, ou à hurler tout court. Ils pardonnent tout à celui qui a été découvert à l’âge de 13 ans, et qu’ils ont vu grandir sous les projecteurs, faire des déclarations maladroites comme « Anne Franck aurait pu être une “Belieber” » après la visite d’un musée à Amsterdam, s’énerver contre les paparazzis, trébucher, puis se relever.
Le gamin infernal de la pop
Pendant longtemps, Justin Bieber a été le gamin infernal de la pop, détesté autant qu’aimé. Mais son succès est resté insolent. Il reste le plus jeune artiste à avoir hissé son premier album, My World, en tête des charts, porté par le tube Baby en 2010. Après une vidéo diffusée sur Youtube où il présente ses excuses pour son comportement et la sortie de son quatrième album, Purpose, en 2015, il est à nouveau fréquentable. Les deux producteurs les plus en vue de l’EDM (Electro dance Music), Skrillex et Diplo, l’ont pris sous son aile. Ils produisent le tube Where are you now, deuxième titre du tour de chant à Bercy, qu’il interprète après une arrivée dans une cage en verre, devant une installation vidéo qui le montrait un peu plus tôt en train de tomber au milieu de statues de l’Antiquité et de données numériques. Pour le titre I’ll Show You, une nouvelle cage apparaît, proche de celles qui servent aux combattants de l’UFC, cette compétition de Free-fighting où quasiment tous les coups sont permis. Enfermé dans sa cage où sont projetées des explosions numériques, Justin Bieber décroche une paire de gants de boxe. « N’oubliez pas, je suis humain », chante-t-il.
Le spectacle est huilé, ne fait pas l’économie de moyens (danseurs, acrobaties, scène-trempoline suspendue au-dessus du public). Les musiciens sur leur estrade en arrière-plan donnent tout et font ce qu’ils peuvent pour cacher la pauvreté des arrangements musicaux et appuyer un chanteur qui interprète de toute façon qu’un couplet sur deux. Seule importe la communion entre la star et ses fans. Et ils sont fréquents, ces moments où le jeune chanteur sympathise avec ses « Beliebers ». Seul (enfin) à la guitare, assis sur un canapé en velours rouge, il chante, cette fois-ci pour de vrai, avec son public, trois de ses chansons les plus connues dont la très réussie Love Yourself.
Il s’adresse souvent à ses fans de manière lapidaire, marmonnant un petit discours pour annoncer un nouveau titre comme Company. Mais pendant tout le concert, il n’oublie jamais de pointer du doigt deux ou trois personnes dans le public, entre deux pas de danse, deux couplets. Il offre un solo de batterie, termine son tour de chant par son dernier tube, Let Me Love you, collaboration sur l’album du DJ français Snake, et le slow Life worth Livin’. Puis il revient en rappel pour Baby, avec une scène transformée en rampe de baskets. Une piscine a été installée sur la scène, car cette fois-ci Justin va danser sous une pluie fine, et sera trempé pour de vrai. Et le voilà qui termine son spectacle d’à peine deux heures par un charmant « Merci de m’avoir fait sourire ».
En concert, le 21 septembre, à l’AccorHotels Arena, Paris. www.justinbiebermusic.com