Capteurs et caméras des voitures connectées accumulent des informations qu’elles stockent ou transmettent au constructeur. | Here

Les voitures dites « connectées », commercialisées depuis plus d’une demi-douzaine d’années, savent beaucoup de choses. Bardées de capteurs qui enregistrent la vitesse de déplacement et dotées de caméras qui détectent, entre autres, les panneaux de signalisation, elles accumulent des données qu’elles stockent ou transmettent au constructeur. Ces informations n’ont que peu d’intérêt isolément mais, mises en commun, elles peuvent créer une base de données exploitable.

En se fondant sur ce principe, la société allemande Here (spécialiste de la cartographie de précision et de la localisation) a annoncé, lundi 26 septembre, le lancement au premier semestre 2017 de quatre services. Ceux-ci permettront d’informer en temps réel les automobilistes sur l’état du trafic, les accidents, les limitations de vitesse temporaires mais aussi le temps estimé pour trouver une place de stationnement disponible.

« C’est la première fois que des marques concurrentes mettent leurs données en commun. Nous allons créer un effet d’échelle qui permettra de mettre au point des services efficaces et utiles à tous. C’est une nouvelle ère », assure Bruno Bourguet, chargé du développement commercial de Here. Dans un premier temps, la plate-forme « ouverte » de la société va synthétiser les données collectées par les propriétaires de modèles Audi, BMW et Mercedes, trois constructeurs qui sont depuis un an les nouveaux actionnaires de Here, racheté à Nokia. D’autres marques sont invitées à se joindre à ce premier groupe qui représente « plusieurs centaines de milliers de véhicules » et devrait en rassembler « plusieurs millions » d’ici douze à dix-huit mois. Un nombre suffisant pour créer des alertes et les communiquer aux automobilistes au volant d’un modèle dont le constructeur aura souscrit aux prestations de Here.

Simplifier le stationnement

La matière première qui alimentera ces services sera issue des capteurs de vitesse ou de pluie, de l’utilisation intensive des essuie-glaces, des antibrouillards, des freins, voire de la détection des pertes d’adhérence signalées par le fonctionnement de l’ESP, le système qui permet de stabiliser un véhicule en cas de perte de contrôle. Dans une zone donnée, les conducteurs pourront être informés de l’intensité du trafic, de la survenue d’accidents ou de la présence de travaux. Les limitations temporaires de vitesse, particulièrement sur les routes allemandes, repérées par les caméras des véhicules équipés d’un régulateur de vitesse, seront diffusées par le même canal. Enfin, Here estime qu’il sera possible, en agrégeant les données recueillies par les sondes et capteurs des voitures connectées – désormais, tous les véhicules neufs commercialisés appartiennent à cette catégorie – d’orienter la recherche de places de stationnement en extérieur.

Cartographie, par la société allemande Here, des signaux envoyés par les véhicules connectés dans le nord de l’Europe. | Here

La montée en régime de ces services collaboratifs, outre qu’elle met en exergue le fait que les voitures modernes savent absolument tout de leur conducteur – sa façon de conduire, ses déplacements… – sans que celui-ci ait toujours connaissance de l’existence du flux de « data » qu’il génère dans son sillage, pose la question de la confidentialité. Here assure que sa plate-forme « a été développée dans un esprit de respect de la vie privée » et s’engage « à se mettre en conformité avec les lois applicables en matière de protection des données ». Les informations collectées, insiste la société « sont anonymisées par l’absence d’identificateurs personnels ».