Il sera aussi possible de verrouiller, contrôler, piloter la voiture à distance. Le tout pouvant être mis à jour sur le modèle des actualisations de logiciels. | Renault Communication

Il est loin le temps où industriels du logiciel et de l’automobile s’échangeaient des messages acides et méprisants, se traitant de ringards d’une part et d’immatures de l’autre. L’époque a changé. Elle est à la fois à la compétition et à l’idylle entre les deux secteurs, chacun lorgnant sur l’activité de son voisin. Dernier exemple en date, l’annonce, lundi 26 septembre, d’une alliance entre Microsoft et Renault-Nissan dans le domaine de la voiture connectée.

Les deux groupes ont signé, lundi 26 septembre, un « accord de partenariat mondial pluriannuel » afin de collaborer au développement des futurs services connectés pour les véhicules, reposant sur la plateforme Microsoft Azure. Ce service de cloud, c’est-à-dire de traitement de données dématérialisées, adapté aux entreprises, a été jugé rassurant par le constructeur.

« Microsoft nous offre une solution globale, à l’échelle mondiale, déclinable sur plusieurs systèmes d’exploitation, en plusieurs langues et avec une variété d’outils de programmation », détaille Blanca Garcia, porte-parole de l’Alliance Renault-Nissan. Les constructeurs, réticents à envoyer les données de leurs clients dans la « Websphère », sont très attentifs au niveau de sécurité des systèmes. « L’expérience de Microsoft en matière de sécurisation des données a aussi joué. Bien sûr », ajoute Mme Garcia.

Le groupe franco-japonais, qui a vendu 8,5 millions de voitures dans 200 pays en 2015, compte accélérer dans la voiture 2.0, en commercialisant dix nouveaux modèles dotés de technologies de conduite autonome, d’ici à 2020.

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Une annexe connectée du bureau

Avec ce partenariat, Renault-Nissan espère pouvoir rapidement proposer à ses clients une transformation de l’automobile en une annexe connectée du bureau. Il sera aussi possible de verrouiller, contrôler, piloter la voiture à distance. Le tout pouvant être mis à jour sur le modèle des actualisations de logiciels, comme le fait déjà Tesla, qui commence à déployer au niveau mondial la version 8.0 de son système d’exploitation.

« L’accord a sa logique, décrypte Laurent Petizon, consultant automobile chez AlixPartners. Un constructeur automobile n’a pas vocation à développer un service de cloud. Il serait très loin de son métier. Quelque part, Microsoft devient un équipementier de Renault-Nissan. »

Le partenariat doit aussi beaucoup à la présence, depuis janvier, d’Ogi Redzic à la tête du département véhicules connectés et services de mobilité de l’Alliance Renault-Nissan. L’ingénieur informatique de 45 ans est un transfuge de Nokia, dont l’activité téléphone avait été rachetée en 2013 par Microsoft. Il est en train de recruter une équipe de 300 ingénieurs et développeurs. Sous son magistère, Renault-Nissan a acquis, le 20 septembre, la start-up française Sylpheo, spécialisée dans le développement d’applications, dont les quarante experts vont venir renforcer le « pool » de M. Redzic.

Renault-Nissan n’est pas la seule entreprise automobile à se rapprocher d’acteurs clés de l’informatique. General Motors a acquis en mars le fabricant de logiciels d’autoconduite Cruise Automation. Fiat-Chrysler fait équipe avec Google pour développer des minivans autonomes, tandis que BMW, Audi et Daimler se sont rapprochés de Nokia pour améliorer leurs services de cartographie et de localisation.