Le rapport de la police judiciaire qui éclaire les raisons de la garde à vue de Bernard Squarcini
Le rapport de la police judiciaire qui éclaire les raisons de la garde à vue de Bernard Squarcini
Par Simon Piel, Joan Tilouine
L’ex-directeur du renseignement intérieur est soupçonné d’avoir mis à contribution son réseau dans la police afin de servir les intérêts de clients.
Bernard Squarcini pose dans son bureau de la direction centrale du renseignement intérieur à Levallois-Perret, le 22 mars 2012. | Vincent Capman/RIVA PRESS / Vincent Capman/RIVA PRESS
Lundi 26 septembre, Bernard Squarcini, ancien directeur de la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, aujourd’hui DGSI), a été placé en garde à vue dans les locaux de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le cadre d’une information judiciaire ouverte notamment pour « violation du secret de l’instruction », « entrave aux investigations », « compromission », « violation du secret professionnel » et « trafic d’influence ».
Prolongée lundi soir, sa garde à vue se poursuivait mardi matin, ainsi que celle de Christian Flaesch, ancien directeur de la police judiciaire parisienne, d’un ancien policier des renseignements généraux et d’un haut cadre de la sécurité du groupe LVMH. Un ancien magistrat, chargé de la sécurité du groupe LVMH, a lui été placé en garde à vue mardi matin. Enfin, Michel Gaudin, actuel directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, a été entendu dans le cadre d’une audition libre lundi, tout comme un ancien responsable de la sécurité en Corse, aujourd’hui en poste à l’IGPN.
- Des écoutes de M. Squarcini au cœur de l’enquête
Les multiples auditions en cours depuis lundi trouvent notamment leur origine dans l’exhumation d’un rapport au contenu explosif daté de 2013, qui s’était pourtant perdu dans les archives judiciaires. Ce rapport, dont Le Monde a pris connaissance, illustre comment Bernard Squarcini a mis à contribution son réseau de contacts dans la police afin de servir ses intérêts, ceux des entreprises pour lesquelles il travaillait et ceux de l’entourage de Nicolas Sarkozy, notamment informé des développements de l’affaire Cahuzac. Il raconte aussi comment, après une carrière entière consacrée au renseignement, M. Squarcini a continué à faire dans le secteur privé ce qu’il savait faire le mieux : récolter des informations confidentielles.
- Divulgation d’informations sur une procédure concernant LVMH
Le 2 avril 2013, par exemple, M. Flaesch informe par SMS M. Squarcini que l’enquête préliminaire ouverte après le dépôt d’une plainte de LVMH contre Hermès a été renvoyée au parquet, qui doit ouvrir une information judiciaire. Rassurant, il précise que la brigade financière, alors sous son autorité, n’a pas eu le temps d’établir d’autres faits que ceux mentionnés dans la plainte d’Hermès, qu’il résume à M. Squarcini. Celui-ci transfère le message à deux hauts cadres de LVMH, dont l’un est considéré alors comme le plus influent conseiller de M. Arnault. La procédure n’ira pas à son terme. Hermès finira par retirer ses plaintes en contrepartie de la sortie de LVMH de son capital, selon les termes d’un accord tenu secret. Contacté, le groupe LVMH n’a pas souhaité faire de commentaires. L’avocat de Bernard Squarcini, Patrick Maisonneuve, n’a pas donné suite aux sollicitations du Monde.