Claude Onesta, lors de la demi-finale des Jeux olympiques de Rio, face à l’Allemagne, le 19 août. | JAVIER SORIANO / AFP

Claude Onesta ne s’assiéra pas sur le banc de l’équipe de France de handball en janvier 2017, et c’est depuis les tribunes qu’il assistera aux rencontres lors du championnat du monde organisé dans l’Hexagone (11-29 janvier). Finies également ses prestations de haut niveau face aux micros après les matchs, en zone mixte, où sa bonhomie et sa faconde auront fait le bonheur des journalistes pendant quinze ans.

Mais Claude Onesta, à la tête des Bleus depuis 2001, ne les quitte pas encore, il change de poste : dites au revoir à l’ancien sélectionneur, et bonjour au nouveau « manager général ». Sur le banc aux côtés de l’Albigeois depuis l’Euro 2014, remporté au Danemark, Didier Dinart y est rejoint par Guillaume Gille. Ces deux-là, champions olympiques en 2008 et 2012 comme joueurs, partagent désormais le titre d’entraîneur de l’équipe de France.

« Je ne suis pas là que pour faire pot de fleurs dans un coin »

« Je vais prendre de la distance avec le terrain, et je peux vous assurer que ce n’est pas une punition pour moi, c’est même vécu avec beaucoup de plaisir et de soulagement », a expliqué Claude Onesta mercredi 28 septembre, en rappelant qu’il avait parfois eu, lors des dernières campagnes des Bleus, « l’impression [qu’il n’était pas] pas au bon endroit ».

Repartir pour un tour sur le banc, quelques mois après la finale olympique perdue à Rio face au Danemark, c’était prendre le risque de faire la compétition de trop. Mais couper totalement les ponts avec l’équipe qu’il a dirigée depuis si longtemps, alors que se profile un Mondial à domicile forcément chargé d’enjeux particuliers, semblait périlleux.

Le poste de manager général lui permettra d’être là sans y être. S’il se dégage des contraintes du terrain – entraînement, composition, remplacements, temps mort, etc. – qui ont fini par le lasser, il reste garant de l’esprit de l’équipe et de l’équilibre du groupe ; il aura son mot à dire au moment de la sélection et tâchera d’assurer la transition la plus douce possible pour ses successeurs, à qui il servira de conseiller de luxe.

Voici donc le nouveau duo d’entraîneurs de l’équipe de France, ici en pleine démonstration de joie après la victoire en finale du championnat du monde en Croatie, en 2009. | ATTILA KISBENEDEK / AFP

« Je suis là pour garder le cap, garder l’autorité, a encore exposé M. Onesta. C’est-à-dire que si j’ai le sentiment qu’une dérive risque de générer des contraintes, j’irai jusqu’à exercer mon autorité pour leur dire d’arrêter. Je ne suis pas là que pour faire le pot de fleurs dans un coin. Je pense que je peux encore leur [Didier Dinart et Guillaume Gille] être utile et les aider à prendre la mesure du métier au fil du temps. Aujourd’hui, très honnêtement, ils n’ont pas la capacité et l’expérience suffisantes pour gérer le tout. »

Un bilan après le Mondial 2017

On peut trouver Didier Dinart (39 ans) et Guillaume Gille (40 ans) un peu jeunes. On peut souligner qu’ils n’ont jamais entraîné en club, et que cette succession donne un peu l’impression d’une affaire qui se règle entre copains. Mais on peut aussi estimer que la Fédération française de handball ne fait pas n’importe quoi en s’appuyant sur ses glorieux anciens qui ont été de tous les succès récents. « Ce qui est essentiel, juge M. Onesta, c’est la connaissance des problématiques du très haut niveau, et de ce que sont la préparation, l’organisation et la gestion d’une équipe dans une compétition de ce type-là, avec un match tous les deux jours. »

Cette organisation à « 2 + 1 » est-elle vouée à durer ? Un bilan aura lieu en février, à l’issue du championnat du monde où les Bleus ambitionneront de conserver la couronne conquise il y a deux ans au Qatar. « Je suis persuadé que l’équipe de France aura besoin, à un moment donné, de mon départ total, et que j’aurai besoin, moi aussi, de m’en éloigner de manière totale. On essaie juste d’évaluer quel sera le moment opportun. Vous dire si c’est dans trois ou dans six mois… Ça ne sera pas dans dix ans, c’est sûr. Et même pas dans cinq ans. Je peux ne pas être présent à l’Euro d’après », qui aura lieu début 2018.