Moscou poursuivra son opération militaire en Syrie en dépit des menaces américaines
Moscou poursuivra son opération militaire en Syrie en dépit des menaces américaines
Le Monde.fr avec AFP
Depuis une semaine, les quartiers rebelles d’Alep sont lourdement bombardés par le régime de Bachar Al-Assad et par son allié russe.
Dans un quartier rebelle d’Alep après un bombardement du régime syrien, le 27 septembre. | KARAM AL-MASRI / AFP
La Russie poursuivra sa campagne de bombardements aériens en soutien aux forces de Bachar Al-Assad en Syrie, après des jours d’appels diplomatiques sans suite des Etats-Unis, a annoncé jeudi 29 septembre le Kremlin.
« Nous prenons malheureusement note du caractère non constructif de la rhétorique de Washington ces derniers jours », a dit le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Ces déclarations sont une réponse au secrétaire d’Etat américain, John Kerry, qui a menacé Moscou d’arrêter toute coopération sur la Syrie si les bombardements ne prenaient pas fin à Alep, ville-clé du conflit, soumise à d’intenses frappes des aviations russe et syrienne depuis l’échec d’une trêve négociée par les Russes et les Américains.
« Moscou maintient son intérêt pour la coopération avec Washington à la fois pour la mise en œuvre des accords qui figurent dans les documents et pour accroître l’efficacité de la lutte contre le terrorisme en Syrie, a poursuivi M. Peskov. Mais Moscou espère aussi que les obligations que Washington a accepté d’assumer seront respectées. Jusqu’à présent, elles ne l’ont pas été. »
La Russie exige que les Etats-Unis fassent pression sur les rebelles syriens pour qu’ils prennent leurs distances d’avec les groupes djihadistes tels que le Front Fateh Al-Cham (ex-Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida).
- Jean-Marc Ayrault juge urgente l’adoption d’une résolution des Nations unies
Depuis une semaine et l’échec de la dernière trêve, les quartiers rebelles de la partie est de la deuxième ville du pays subissent les bombardements du régime et de son allié russe, qui ont touché mercredi deux hôpitaux, faisant de nombreuses victimes civiles.
Le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, a proposé jeudi une résolution de cessez-le-feu à l’ONU, dont le secrétaire général, Ban Ki-moon, a qualifié de « crimes de guerre » le bombardement des deux hôpitaux.
L’ONU estime « difficile de reprendre les négociations »
Jeudi, l’envoyé spécial de l’ONU en Syrie, Staffan de Mistura, a estimé « difficile » de reprendre les négociations durant les bombardements.
« Certains peuvent penser qu’ils peuvent conquérir Alep en bombardant l’est de la ville, mais ce n’est pas le cas. On ne peut pas parvenir à la paix en Syrie en bombardant le chemin. »
Le 22 septembre, Staffan de Mistura espérait pourtant engager « des négociations directes » entre les parties syriennes « dans les prochaines semaines ».
L’utilisation d’armes chimiques dénoncée par une ONG
Dans un rapport publié mercredi, Human Rights Watch (HRW) a dénoncé l’utilisation à plusieurs reprises d’armes chimiques par le régime de Bachar Al-Assad à Alep. En se fondant sur une enquête auprès de personnels médicaux et de témoins, l’ONG affirme que l’armée syrienne a largué des bombes chargées de produits chimiques toxiques sur deux quartiers résidentiels d’Alep le 10 août et le 6 septembre.