Un logement étudiant. | PASCAL PAVANI / AFP

Connaissez-vous la caution locative étudiante (CLE), qui fête ses trois ans ? Mise en œuvre à la rentrée 2013, elle permet aux étudiants qui n’ont pas de garant, de louer un logement avec la caution de l’Etat. En cette rentrée, 9 321 étudiants bénéficient du dispositif. C’est peu quand on sait que la France compte plus de 2,5 millions d’étudiants, dont 1 600 000 seraient prêts à quitter leur famille.

La CLE entend jouer le rôle de facilitateur dans le parcours du combattant que les étudiants les moins fortunés doivent affronter pour trouver un logement. Le principe est simple : ils versent une cotisation mensuelle de 1,5 % du loyer. Quant au propriétaire du logement, il touchera son loyer en cas de défaut de paiement de l’étudiant. L’argent provient d’un fonds de 2 millions avancés par l’Etat et alimenté par les cotisations des utilisateurs. Depuis sa création, sur les 13 092 garanties ouvertes, 447 ont fait l’objet d’une mise en jeu par défaut de paiement.

En 2013, le gouvernement prévoyait que le système concernerait entre « 14 000 à 20 000 étudiants » en régime de croisière, à partir de 2017. A six mois de l’échéance, force est de constater que le nombre de bénéficiaires ne sera pas atteint. « Vingt mille n’a jamais été un objectif, corrige Emmanuel Giannesini, président du Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous), mais une hypothèse. »

« Un dispositif d’ultime recourt »

Où résident les usagers de la caution locative étudiante ? 45 % en Ile-de-France, selon le Cnous, et dans les grandes agglomérations où les loyers sont élevés et le marché immobilier sous tension, comme Lyon, Strasbourg…

A en croire le patron du Cnous, le recours limité des étudiants à la CLE serait même un signe positif : « C’est un dispositif d’ultime recourt. » En clair, le fait que peu d’étudiants fassent appel à l’Etat pour garantir le paiement de leur loyer tendrait à prouver qu’ils ont trouvé par eux-mêmes un propriétaire conciliant ou une caution familiale, amicale ou bancaire.

Mais les syndicats étudiants avancent d’autres explications au succès modéré de la caution locative étudiante. L’Union nationale des étudiants de France (UNEF) pointe ainsi le manque de publicité qu’effectuent les centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous) auprès des potentiels bénéficiaires du dispositif. « Peu de communication est réalisée à l’intention des étudiants pour les informer de l’existence de ce système », confirme Vincent Paugam, vice-président étudiant de l’université Rennes-II.

Autre raison : « Le montant des loyers qui ouvrent le droit à une caution est plafonné », rappelle Meryl Srocynski, vice-présidente du syndicat étudiant FAGE, chargée des affaires sociales. En effet, pour une personne seule, le plafond est fixé à 500 euros en régions, 600 euros en Ile-de-France et 700 dans la capitale. Mais, rien qu’à Paris, une rapide recherche sur le site d’annonces immobilières Seloger.com montre que la majorité des studios en location sont proposés pour une mensualité supérieure au plafond fixé.

Une population nomade

Enfin, activer la CLE suppose de trouver un logement, une mission difficile sur les territoires sous tension immobilière. « A l’UPEC université de Créteil Val-de-Marne, si peu de CLE sont activés c’est qu’il y a peu de logements, témoigne Thomas Khabou, vice-président étudiant VPE. Il est impossible d’utiliser le système de caution quand l’offre de logement est si déficitaire. Sur le site de Créteil, on compte 20 000 étudiants pour seulement 1 500 logements. »

Certaines collectivités locales montrent peu d’enthousiasme à accueillir une population nomade, qui ne restera sur le territoire qu’une poignée d’années, « et qui ne votera pas sur place lors des élections locales », précise l’étudiant.

Peu connu, le dispositif de la CLE pourrait bientôt changer de nom. En effet, depuis le 25 janvier, un système de caution locative (Visale) à destination des moins de 30 ans et des jeunes actifs a vu le jour. Une réflexion interministérielle a été lancée visant à fusionner les deux systèmes. Si elle aboutit, les étudiants concernés intégreront Visale dès la rentrée 2017.

A consulter : le site Lokaviz, qui précise à qui s’adresse la CLE et comment faire sa demande.