« La Vie d’Adèle » : le Conseil d’Etat casse une décision demandant de revoir l’interdiction aux moins de 12 ans
« La Vie d’Adèle » : le Conseil d’Etat casse une décision demandant de revoir l’interdiction aux moins de 12 ans
Le Monde.fr avec AFP
L’affaire, qui est renvoyée devant la cour administrative d’appel de Paris, est examinée de longue date, depuis une action en justice de l’association Promouvoir.
Le réalisateur Abdellatif Kechiche. | VALERY HACHE / AFP
Le Conseil d’État a donné raison vendredi 30 septembre au ministère de la culture dans l’affaire du visa d’exploitation accordé au film La Vie d’Adèle, cassant la décision de la cour administrative d’appel de Paris, qui demandait le réexamen de l’interdiction aux mineurs de moins de douze ans.
L’association Promouvoir, proche des catholiques traditionalistes, avait obtenu début décembre de la cour administrative d’appel que l’interdiction aux moins de 12 ans du film d’Abdellatif Kechiche La Vie d’Adèle, Palme d’or à Cannes en 2013, soit revue, estimant que « plusieurs scènes de sexe présentées de façon réaliste » étaient « de nature à heurter la sensibilité du jeune public ». Une décision qualifiée à l’époque de « plutôt saine » par le réalisateur du film.
Le ministère de la culture avait immédiatement annoncé son intention d’introduire un recours devant le Conseil d’État. Ce dernier, dans une décision rendue mercredi, considère que « si les scènes de sexe en cause, bien que simulées, présentent un caractère de réalisme indéniable, elles sont, d’une part, exemptes de toute violence, et d’autre part, filmées sans intention dégradante ». Le Conseil d’État note en outre que le visa est assorti d’un avertissement destiné à l’information des spectateurs les plus jeunes et de leurs parents.
Une association habituée des tribunaux
L’association Promouvoir a réagi en déplorant vendredi « une erreur matérielle particulièrement criante et incontestable » des juges du Conseil d’État : « La haute juridiction, en effet, s’est fondée sur le fait que ces scènes auraient été simulées, alors qu’il était de notoriété publique qu’elles ne l’étaient pas et que les actrices l’ont elles-mêmes répété à plusieurs reprises. »
L’affaire, qui est renvoyée devant la cour administrative d’appel de Paris, est examinée de longue date. Dans sa décision en première instance, en septembre 2014, la cour avait en effet débouté l’association Promouvoir.
L’association, fondée par André Bonnet, un proche des catholiques intégristes, n’en est pas à sa première action en justice. Saw 3D, Baise-moi, Antichrist... : Promouvoir s’est attaqué à de nombreux films et à de nombreux visas d’exploitation. A chaque fois, elle estime que le système de classification est laxiste et attribue par exemple des interdictions aux moins de 12 ans ou 16 ans à des films qui devraient selon elle être interdits aux mineurs.