Résidence Olivier-Chesneau, centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) de Nice-Toulon. | CNOUS

« Il y a encore du chemin à parcourir », a laissé tomber Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, au sujet du plan de construction de 40 000 logements sociaux étudiants, mardi 20 septembre, lors de la conférence de rentrée universitaire. Une litote, compte tenu des engagements de début de mandat de François Hollande et du nombre de logements effectivement livrés.

Pourtant, en juin 2015, le gouvernement assurait toujours pouvoir tenir l’objectif, le portant même à « 42 445 logements avant la fin du quinquennat ». A la même période, sûres de leurs projections, Najat Vallaud-Belkacem et Sylvia Pinel, alors ministre du logement, se « félicitaient » de « l’avancée très positive » du « plan 40 000 » : 25 % des constructions effectuées… alors qu’on était déjà à mi-mandat.

Mais sur les territoires, le plan de construction de logements sociaux étudiants ne se déroule pas aussi rapidement que prévu. Entre le début du plan et la fin de 2015, 20 546 places ont été livrées, selon les chiffres obtenus par Le Monde auprès du ministère de l’éducation nationale. En 2016, c’est 6 274 unités qui doivent être créées, pour porter le nombre de logements nouveaux à 26 820 ; ce qui représenterait 63 % de l’objectif initial, à seulement quatre mois de la fin du quinquennat.

Le compte n’y est pas

« Au total, 42 607 logements seront livrés », affirme-t-on au ministère. Sauf que l’échéance est désormais fixée à la fin de l’année 2017, sept mois après la fin du mandat en cours. Et alors que le chiffre de production de logements sociaux étudiants a tourné entre 5 000 et 9 000 unités par an durant la mandature, l’exécutif veut croire qu’il explosera en 2017 pour atteindre le chiffre de 15 767 places… Un record, jamais atteint, indispensable pour boucler le « plan 40 000 » annoncé.

Peut-on s’y fier ? L’histoire récente a montré un écart substantiel entre les projections de l’éducation nationale et les réalisations. Si les résultats des bailleurs sociaux chargés du « plan 40 000 » sont difficiles à collecter, ceux des autres acteurs, les centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous), sont en deçà des prévisions : ils prévoyaient début 2015 la réalisation de 4 642 logements dans l’année et près de 5 000 de plus en 2016 ; dans les faits, c’est environ 1 000 logements de moins qui ont été livrés en 2015 et la projection pour la fin 2016 a été, pour sa part, réduite de 1 800 unités.

Le volontarisme du gouvernement a marqué une « rupture », a fait valoir Najat Vallaud-Belkacem, assurant que « nous avons bâti deux fois plus que durant la période 2004-2012 ». Une pique lancée à la droite qui avait été alertée, dès 2004, par un rapport du député Jean-Paul Anciaux, de l’urgence à construire des logements étudiants. Mais, alors qu’un plan de construction de 50 000 logements avait été prévu, seuls 26 400 sont finalement sortis de terre, soit 53 % de l’objectif.

Si les 26 819 places promises pour la fin 2016 se concrétisent bel et bien, la gauche n’aura pas bâti deux fois plus que les exécutifs précédents. Elle aura néanmoins fait plus.