Après une journée de mobilisation très suivie lundi, les principaux syndicats de personnel pénitentiaire ont appelé à reconduire, mardi 16 janvier, le mouvement national de blocage de prisons lancé après l’agression de trois surveillants dans l’établissement de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), épicentre de la contestation. La ministre de la justice, Nicole Belloubet, s’y rendra mardi matin, selon un communiqué de son ministère dans la soirée. Le ministère de la justice a demandé une mission d’inspection et des investigations sur l’agression de jeudi sont en cours.

La démission du directeur de la prison de Vendin-le-Vieil, qu’ils réclamaient depuis plusieurs jours, et le « plan pénitentiaire global » promis par Emmanuel Macron pour fin février n’ont pas suffi à calmer le mécontentement. L’UFAP-UNSA-Justice (majoritaire), CGT-Pénitentiaire et FO-Pénitentiaire mobiliseront à nouveau devant les prisons à partir de mardi matin.

Les trois organisations ne sont toutefois pas arrivées à s’entendre sur une plate-forme de revendications communes à transmettre au ministère de la justice : les deux premières souhaitaient concentrer leurs demandes sur la sécurité des personnels, alors que FO souhaitait inclure des revendications salariales et statutaires.

« On n’a plus les moyens de travailler »

Lundi, 139 des 188 centres pénitentiaires de France ont été « impactés à des degrés divers », soit par des blocages totaux, partiels, des piquets de grève, des débrayages ou des retards, selon l’administration pénitentiaire. En fin de journée, « il n’y a plus de blocage autre que Fleury-Mérogis », a-t-on précisé. Une centaine de surveillants étaient rassemblés depuis 18 heures devant cette prison d’Essonne, plus grand centre pénitencier d’Europe, a constaté une journaliste de l’AFP.

« On n’a plus les moyens de travailler en sécurité, que ce soit en termes de moyens humains ou matériels », a résumé le responsable local de l’UFAP-UNSA, Alexandre Caby, réclamant notamment plus de recrutement et « un profilage des détenus pour qu’ils soient placés dans des établissements correspondant à leur profil pénal ».

La matinée de lundi a vu le fonctionnement quotidien des prisons (tenue des parloirs, extraction de détenus, approvisionnement de la cantine, accueil d’intervenants extérieurs) perturbé par une forte mobilisation. C’est dans la prison de Vendin-le-Vieil que trois gardiens ont été blessés jeudi à l’arme blanche par l’islamiste allemand Christian Ganczarski, un des instigateurs de l’attentat contre la synagogue de Djerba (Tunisie) en avril 2002. Ce dernier a été mis examen, lundi soir, par un juge antiterroriste à Paris pour tentative d’assassinats.

Cet établissement doit accueillir prochainement Salah Abdeslam, actuellement détenu à Fleury-Mérogis et dernier survivant des commandos des attentats du 13 novembre 2015 (130 morts), durant son procès en Belgique. Mme Belloubet a estimé qu’« il n’y a pas de raison de revenir sur cette décision ».