Les jeunes peu qualifiés sont plus souvent au chômage en France qu’ailleurs en Europe
Les jeunes peu qualifiés sont plus souvent au chômage en France qu’ailleurs en Europe
Le Monde.fr avec AFP
Dans l’édition 2016 de son « Panorama de la société », l’OCDE critique la France, où « il devient de plus en plus difficile pour les jeunes peu qualifiés de trouver un emploi ».
Agence Pôle emploi à Lille, en mai 2015. | PHILIPPE HUGUEN / AFP
16,6 % en 2015 contre… 16,9 % en 2012 : contrairement à la tendance observée dans le reste des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la France n’a toujours pas amorcé la baisse du taux de jeunes sans emploi et sortis du système éducatif. C’est le constat que dresse l’OCDE dans la version 2016 de son « Panorama de la société ». Le pays comptait 1,8 million de jeunes peu qualifiés et sans emploi en 2015, soit près de 270 000 de plus qu’en 2008. Et près du double de l’Allemagne.
Des jeunes sans emploi peu qualifiés
« Il devient de plus en plus difficile pour les jeunes peu qualifiés de trouver un emploi, et à plus forte raison un emploi stable », déplore dans un communiqué Stefano Scarpetta, directeur des affaires sociales à l’OCDE. Or en France ce taux de jeunes sans emploi et déscolarisés est plus de trois fois supérieur chez les jeunes « peu instruits » que chez ceux ayant un diplôme universitaire : 80 % des jeunes chômeurs n’ont pas atteint le niveau bac alors que « seulement » 16 % des jeunes diplômés de l’université sont au chômage.
« Aujourd’hui, un jeune qui ne termine pas le lycée, c’est un énorme handicap dans tous les pays et en particulier en France », affirme Stéphane Carcillo, économiste à l’OCDE, en précisant que le chômage des jeunes n’est pas une situation transitoire puisque près de la moitié reste en moyenne plus d’un an sans emploi.
Mieux suivre les jeunes décrocheurs
Parmi les principales recommandations du rapport figure, entre autres, le renforcement de l’apprentissage en France. Mais surtout la « lutte contre le décrochage scolaire » à travers un meilleur suivi des élèves concernés, et en renforçant notamment les échanges entre les écoles et les services sociaux. « Il faut fermer le robinet à décrocheurs », a exhorté l’économiste tout en appelant à une réforme d’un système scolaire « profondément inégalitaire ». Dans l’Hexagone le taux de décrochage scolaire (part de jeunes qui ne parviennent pas à terminer le deuxième cycle de l’enseignement secondaire) est de 14,5 %. Soit légèrement moins que la moyenne de l’OCDE, mais beaucoup plus que les pays plus performants, tels que la Corée (2 %), la Suisse ou les Etats-Unis (9 %).
En 2012, le candidat à la présidentielle qu’était François Hollande s’était engagé à diviser par deux le nombre de décrocheurs, donc à parvenir à 67 500 d’ici à 2017. A la fin de 2015, la ministre de l’éducation nationale jugeaient l’engagement présidentiel « à portée » : mais les derniers chiffres disponibles, datant de 2014, faisaient état de… 110 000 décrocheurs.
L’OCDE estime le coût économique du chômage des jeunes à 1 % du PIB, soit environ 20 milliards d’euros en France, un « coût très significatif », selon l’organisation. Des 35 pays observés pour la réalisation de ce rapport, l’économiste cite en exemple, une fois de plus, les pays nordiques, où l’important, « c’est de ne pas laisser les jeunes dans la nature ».