BP renonce à forer dans la Grande Baie australienne
BP renonce à forer dans la Grande Baie australienne
Le Monde.fr avec AFP
Six ans après la catastrophe Deepwater Horizon, la compagnie pétrolière abandonne son projet, plusieurs fois retoqué par les autorités officielles.
La plate-forme pétrolière Deepwater Horizon en feu dans le golfe du Mexique, le 13 juin 2010. | SPENCER PLATT / AFP
Le grand groupe pétrolier British Petroleum (BP) a annoncé à la surprise générale, mardi 11 octobre, renoncer à son projet controversé de forer dans la Grande Baie australienne, une victoire pour les défenseurs de l’environnement, six ans après la catastrophe écologique survenue dans le golfe du Mexique. « Nous avons étudié minutieusement nos projets d’exploration dans la Grande Baie australienne mais, dans l’environnement externe actuel, nous ne lançons des explorations dans des régions pionnières que si elles sont compétitives et conformes à nos objectifs stratégiques », a déclaré, dans un communiqué, la directrice exécutive de BP pour l’exploration et la production en Australie, Claire Fitzpatrick.
La compagnie souhaitait creuser quatre puits d’exploration à des profondeurs allant jusqu’à 2 500 mètres au large des côtes d’Australie méridionale pour savoir si des quantités exploitables de gaz ou de pétrole pouvaient en être extraites.
Mais son projet a été plusieurs fois rejeté par la Nosepma, l’autorité australienne officielle compétente, faute de respecter les critères environnementaux requis. Les organisations de protection de l’environnement y étaient également totalement opposées en raison de la richesse de la faune et de la flore de la Grande Baie. La zone abrite, entre autres, des baleines franches australes, un sanctuaire pour le grand requin blanc, le grand cachalot, le lion de mer australien, l’albatros et l’aigle pêcheur.
« Poursuivre cette chimère »
Les organisations non gouvernementales et les associations ne cessaient de rappeler la responsabilité du géant britannique dans la gigantesque marée noire provoquée par l’explosion, le 20 avril 2010, de sa plate-forme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique. Il avait fallu quatre-vingt-sept jours pour arrêter la fuite du puits de pétrole, situé à 1 500 mètres sous le niveau de l’eau. La marée noire s’était répandue sur une superficie de la taille de la Virginie, souillant des plages de cinq Etats américains.
Aussitôt la nouvelle annoncée, l’ONG australienne Wilderness Society a exhorté les concurrents de BP, comme l’américain Chevron ou l’australien Santos à faire de même. « Si, fort de toute son expérience, BP ne sait pas présenter un plan de forage acceptable pour la Nosepma, les autres compagnies explorant la Baie ne feront que gaspiller l’argent de leurs actionnaires en poursuivant cette chimère », a estimé Lyndon Schneiders, directeur de l’ONG.
La facture de la catastrophe de Deepwater Horizon, qui avait tué 11 personnes et provoqué la fuite de 507 millions de litres de pétrole dans la mer, s’est d’ores et déjà élevée à plus de 61 milliards de dollars pour BP. Cette somme faramineuse comprend entre autres les montants versés pour nettoyer les côtes, payer des amendes aux diverses autorités américaines et indemniser les entreprises et les particuliers victimes de la pire catastrophe environnementale de l’histoire des Etats-Unis.