La France réaffirme son engagement militaire dans le Golfe de Guinée
La France réaffirme son engagement militaire dans le Golfe de Guinée
Par Amaury Hauchard (Lomé (Togo), envoyé spécial)
Certains pays africains craignaient un désengagement de Paris dans la coopération maritime. Sur un navire de guerre, Jean-Yves Le Drian les a rassurés.
Devant les 270 marins du porte-hélicoptères d’assaut français Dixmude, amarré dans le port de Lomé, au Togo, le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian a répété, vendredi 14 octobre, que le Golfe de Guinée était l’une des priorités de la coopération militaire française en Afrique.
Certains pays africains craignaient un désengagement de Paris dans la coopération militaire en Afrique. « La coopération aéromaritime dans la région est une mission essentielle qui se poursuivra », a assuré le ministre.
Venu dans la capitale togolaise pour assister au sommet extraordinaire de l’Union Africaine sur la sécurité maritime, Jean-Yves Le Drian a tenu à faire le déplacement sur l’un des trois Mistral de la Marine française, actuellement en mission dans le Golfe de Guinée, et à Lomé depuis le 1er août, pour exprimer sa « fierté » aux marins de l’opération Corymbe.
Depuis 1990, cette mission assure une présence permanente française dans les eaux de la région afin de pouvoir, en cas de troubles, évacuer des ressortissants français – il y en a 80 000 le long des 6 000 km du Golfe de Guinée. Corymbe a aussi pour tâche de participer à la formation des marines nationales. « L’idée est de permettre aux marines nationales d’agir », explique l’aspirante Flore D., qui détaille les missions de formation : à quai, lors d’exercices théoriques, et sur mer, pour la pratique.
Navire chinois suspect
« En septembre, lors d’un exercice en mer avec la marine ghanéenne, nous avons repéré un navire à l’immatriculation maritime douteuse, poursuit l’aspirante. Nous avons transmis l’information au commandement ghanéen, qui a envoyé son patrouilleur sous nos yeux ; c’était un bel exemple de ce qu’on fait ici, de l’action de ce patrouilleur qu’on a formé. » Ce navire battant pavillon chinois était soupçonné de pratiquer la pêche illicite, l’une des prérogatives principales des marines nationales du Golfe de Guinée, avec la lutte contre la piraterie.
Vendredi soir 14 octobre, sur le navire militaire, c’est en grande pompe que le ministre de la défense français a accueilli les présidents togolais Faure Gnassinbé, hôte du sommet, le Tchadien Idriss Déby, président de l’Union Africaine, le Malien Ibrahim Boubacar Keïta ainsi que Uhuru Kenyatta, le président kényan. Sur le pont inférieur reconverti pour l’occasion en salle de réception, le ministre a pu, pour la troisième fois de la journée, répéter son souhait que la Marine française continue d’agir dans la région.
« C’est dans les moments difficiles [de lutte contre la piraterie] que l’on connaît ses amis », lui a répondu le président tchadien, seul à prendre la parole avec le ministre français devant un parterre de soldats et d’entrepreneurs français. Le président tchadien s’en est par ailleurs pris à l’Europe sur la crise migratoire, déplorant que la mer Méditerranée soit devenue un « mur » entre l’Afrique et l’Europe.
Société de sécurité françaises mises en avant
Pourtant, ce voyage éclair du ministre français, moins de 24 heures sur le sol togolais, n’est pas sans arrière-pensée. En amont du sommet et de la signature prévue samedi 15 octobre d’une Charte sur la sécurité maritime en présence annoncée de 18 chefs d’Etat africains, la semaine de préparation a fait la part belle aux entreprises françaises. Et en particulier à celles actives dans la sécurité, toutes très reconnaissantes à M. Le Drian de son implication.
« On apprécie la présence du ministre dans l’accompagnement des entreprises, c’est sûr », reconnaît ainsi Thierry Houette, ancien officier de la Marine et dirigeant de la société de sécurité privée Prorisk.
Robert Dussey, ministre des affaires étrangères du Togo, a salué « la vision de la France et son expertise dans l’action de l’Etat en mer ». Comme au garde-à-vous, Jean-Yves Le Drian lui a répondu : « la France sera au rendez-vous. »