Mobilisation contre le CETA et le Tafta le 12 octobre à Berlin, en Allemagne. | JOHN MACDOUGALL / AFP

Après des manifestations massives en Allemagne et en Belgique à la mi-septembre, c’est au tour de la France de se mobiliser contre le traité de libre-échange avec le Canada (CETA), sur le point d’être signé, et celui en négociation avec les Etats-Unis (TTIP ou Tafta). Ses opposants manifestent dans toute la France samedi 15 octobre après-midi à l’appel du collectif Stop Tafta, qui regroupe des ONG comme Attac, les Amis de la Terre et des syndicats.

Ces deux accords « auraient des conséquences graves, telles que l’abaissement des barrières tarifaires en matière agricole qui aggraverait la crise que vivent déjà des centaines de milliers de paysans », selon le collectif.

Si, jusqu’à présent, le Tafta suscitait le plus d’hostilité dans l’opinion publique, l’accord de libre échange avec le Canada soulève de plus en plus de réticence, au fur et à mesure que se rapproche sa signature, prévue à la fin du mois. Il doit être approuvé par la suite par les parlements nationaux.

L’exécutif français contre le Tafta, pour le CETA

Le secrétaire d’Etat au commerce français, Matthias Fekl, s’est voulu rassurant lors d’une audition mardi soir au Sénat sur le CETA : « Sur l’agriculture, les Canadiens, de manière importante, ont accepté 42 indications géographiques françaises », a-t-il affirmé.

Selon lui, le CETA « n’est pas un cheval de Troie » qui permettrait aux Etats-Unis d’entrer sur le marché européen en passant par le Canada. « Près de 3 000 entreprises américaines sont déjà présentes en France pour un demi-million d’emplois créés et n’ont pas besoin du Ceta », a-t-il expliqué aux sénateurs.

Mais les opposants estiment que « dès l’approbation du Ceta, les multinationales américaines, qui possèdent de nombreuses filiales au Canada, pourraient utiliser ces mécanismes pour attaquer les réglementations qu’elles jugent défavorables ».

En revanche, M. Fekl a demandé à la mi-septembre l’arrêt des négociations sur le Tafta lors d’une réunion des ministres du commerce de l’Union européenne (UE) à Bratislava. Il a toujours présenté le CETA comme « l’anti-Tafta ». Le premier ministre Manuel Valls a d’ailleurs qualifié dans une tribune publiée mercredi dans le Financial Times le CETA d’accord « judicieusement équilibré ».

La France n’est pas la seule rétive à cet accord dans l’UE. Le ministre de l’économie slovaque, Peter Ziga, dont le pays préside actuellement l’UE, a reconnu lors de la réunion de Bratislava mi-septembre qu’il était « irréaliste » de conclure un accord sur le Tafta d’ici la fin de la présidence de Barack Obama en janvier prochain.

Mais, en dépit des réticences de quelques Etats membres, au premier rang desquels la France et l’Autriche, les négociations n’ont pas été suspendues et la 15e session de négociations s’est déroulée la semaine dernière à New York.

Manifestations, plaintes et blocage en Belgique

Face à ces traités de plus en plus impopulaires dans l’opinion publique, l’opposition se mobilise en Europe, particulièrement en Allemagne, où les manifestations se multiplient.

Plus de 100 000 personnes ont décidé en août de se joindre à une des plaintes déposées auprès de la Cour constitutionnelle allemande pour s’opposer à l’accord Ceta – en vain. Jeudi, la Cour de Karlsruhe a autorisé jeudi le gouvernement allemand à approuver l’application provisoire du Ceta, lui permettant ainsi de signer l’accord le 27 octobre prochain au cours d’un sommet Canada-UE à Bruxelles.

Le blocage pourrait toutefois venir de la Belgique. La décision mercredi soir par le Parlement de la communauté française de Belgique, de ne pas accorder son aval, obligatoire, au gouvernement fédéral pour la signature de l’accord Ceta pourrait bloquer sa mise en œuvre.

Manuel valls, qui est allé au Canada jeudi défendre le CETA au côté de son homologue Justin Trudeau, s’est dit « optimiste » de pouvoir « convaincre » les autorités wallonnes de revenir sur leur veto.