Alerte à l’emploi chez Peugeot-Citroën. La direction de PSA s’apprêterait à supprimer plus de 2 000 postes en 2017 dans ses sites français, a prévenu la CGT, lundi 17 octobre. Un comité central d’entreprise (CCE) devait examiner ce même jour une série de mesures sociales, révélées par France Info, à mettre en œuvre l’année prochaine : 1 025 départs volontaires non remplacés, 983 congés seniors, ainsi que 125 congés longue durée. Les usines Peugeot de Sochaux (Doubs) et de Poissy (Yvelines) seraient les plus affectées. Ces suppressions de postes représenteraient environ 3 % des effectifs totaux du groupe en France.

La direction de PSA n’a pas souhaité commenter officiellement ces informations. Hors micro, le groupe réfute absolument le terme de suppressions de postes.

« C’est un non-événement, dit un responsable de l’entreprise. Il s’agit seulement de la mise en œuvre normale de l’accord de compétitivité signé en juillet par cinq organisations syndicales. »

« C’est le quatrième plan de suppression d’emplois consécutif chez PSA », s’alarme Jean-Pierre Mercier, délégué syndical central CGT de PSA. Le groupe a , selon la CGT, réduit ses effectifs français de 17 000 personnes depuis 2013, période de la quasi-faillite de Peugeot-Citroën. A l’époque, le groupe, au bord du gouffre, avait dû être recapitalisé et l’Etat français était entré au capital à hauteur de 14 %.

« Nous dénonçons l’attitude du gouvernement, tonne M. Mercier. Ce plan se fait en toute complicité avec l’Etat. Son représentant au conseil d’administration de PSA, Louis Gallois, a donné son feu vert. »

« Volontariat »

Peugeot sera-t-il un nouvel Alstom ? Si c’est le point de vue de la CGT, ce n’est pas celui de la plupart des autres syndicats du groupe. Chez Force ouvrière (FO), on confirme bien l’existence de mesures concernant environ 2 000 postes, mais en les relativisant largement.

« Il n’y a aucun licenciement sec. Ce ne sont que des dispositifs basés sur le volontariat, explique Christian Lafaye, délégué central FO. Les gens ont un projet de départ, c’est difficile de les en empêcher. La difficulté sera plutôt de faire accepter la fin de ces dispositions quand elles seront supprimées. »

De fait, les mesures évoquées ne sont pas contraintes. La direction propose une hausse des mobilités externes sécurisées (projet professionnel vers un autre employeur ou dans un projet personnel, avec une possibilité de retour en cas d’échec), prévoyant d’attirer 1 025 salariés contre 650 espérés en 2016. L’autre principale mesure, 983 congés seniors envisagés (contre 1 600 initialement), permet aux salariés de partir plusieurs années avant l’âge légal de la retraite (jusqu’à cinq ans à Rennes et Poissy) avec 70 % ou 75 % de leur rémunération brute.

Situation contrastée des constructeurs

Le CCE pourrait en contrepoint évoquer l’objectif de 1 000 embauches en CDI d’ici à fin 2019, fixé dans l’accord de compétitivité. PSA souhaite faire entrer plus de 2 000 jeunes dans l’entreprise à travers l’apprentissage, des contrats de professionnalisation ou encore des stages. Le groupe prévoit en outre des mesures de mobilité interne pour plus de 6 000 salariés.

La situation de PSA est à mettre en regard avec celle de Renault, qui va embaucher 1 000 CDI d’ici à la fin de l’année. Ils s’ajouteront aux 2 000 recrutements déjà annoncés en 2015 et 2016.

Il faut dire que la situation des constructeurs français est pour le moins contrastée. Selon les tout derniers chiffres des ventes en Europe pour le mois de septembre, le groupe Renault a vu ses immatriculations bondir de 18,7 % tandis que celles de PSA décrochaient de 5,2 % par rapport à septembre 2015. Le tableau est grosso modo le même en France : Renault devrait y vendre plus de voitures que PSA en 2016.