L’usine de PSA à Rennes est notamment visée par le plan de départs volontaires. | THOMAS BREGARDIS / AFP

En cours de redressement, après avoir évité de justesse la faillite en 2014, le groupe PSA doit présenter lundi 17 octobre, en comité central d’entreprise, une estimation de ses effectifs pour l’année prochaine. Il précisera ainsi la mise en œuvre de l’accord de compétitivité signée en juillet par la direction et cinq organisations syndicales (CFDT, CFE-CGC, CFTC, FO et SIA-GSEA).

Le plan prévoit notamment plus de 2 000 départs volontaires. Si financièrement la situation s’est améliorée, le groupe est en effet confronté à un ralentissement de ses ventes, en France et en Europe.

  • Un plan de départs volontaires pour la quatrième année d’affilée

Depuis 2013, les effectifs de PSA – qui comprend les marques Peugeot, Citroën et DS –, ont été amputés de 17 000 personnes. L’entreprise compte aujourd’hui près de 57 000 salariés dans sa branche automobile en France. Pour 2017, la direction de PSA prévoit donc de supprimer plus de 2 000 de postes. Mais aucun licenciement sec.

Dans le détail, ce plan comprend ainsi :

  • 1 025 départs volontaires non remplacés. Ces salariés pourront quitter l’entreprise pour un projet professionnel vers un autre employeur, un congé de reclassement ou de transition professionnelle. Pour 2016, la direction espérait 650 départs de ce type ;
  • elle envisage également 983 « congés seniors » en 2017, contre 1 600 attendus en 2016. Ce dispositif permet aux salariés de partir plusieurs années avant l’âge légal de la retraite (jusqu’à cinq ans dans les usines de Rennes et de Poissy), avec 70 % ou 75 % de leur rémunération brute ;
  • enfin 125 salariés pourront demander des congés « longue durée ». Payés 600 euros brut par mois et assortis d’une prime, ils permettent aux volontaires de quitter l’entreprise pendant deux ans maximum.

Mais ce plan divise les syndicats. Si cinq l’ont signé, la CGT l’a rejeté. Selon la centrale syndicale « ce quatrième plan (…) est inacceptable et totalement injustifié ». Mais pour Franck Don, de la CFTC, interrogé par l’Agence France-Presse (AFP), ce n’est « pas un nouveau plan social » mais simplement des « départs sur la base du volontariat », comme convenu dans l’accord triennal social conclu en juillet avec les syndicats majoritaires. « On recommence, trop timidement, à recruter », mais « le plus dur est derrière nous », a également déclaré à l’AFP Jacques Mazzolini, de la CFE-CGC.

En effet, le plan de compétitivité prévoit l’objectif de 1 000 embauches en CDI d’ici à la fin de 2019. PSA souhaite notamment créer 28 modèles d’ici à 2022.
Le nombre précis de recrutement pour 2017 n’a toutefois pas encore été fixé. Par ailleurs, la direction prévoit « l’arrivée de plus 2 000 jeunes » en 2017, en apprentissage, en contrat de professionnalisation ou en stage.

L’entreprise estime en outre que sa politique d’ajustement des effectifs commence à porter ses fruits. Ainsi, selon elle, 63 % du personnel occupait en juin des métiers « à l’équilibre », c’est-à-dire où les compétences sont en adéquation avec les besoins. Le taux était de 58 % un an auparavant.

  • Les finances du groupe PSA sont revenues dans le vert

Le président du directoire de PSA, Carlos Tavares, le 20 juin 2016. | DAMIEN MEYER / AFP

De « Back in the Race » à « Push to Pass ». A son arrivé à la tête de PSA, Carlos Tavares lance en 2014 un plan de redressement draconien du groupe. Avec « Back in the Race », le président du directoire avait notamment exigé des réductions de frais entre autres par le biais d’efforts demandés aux salariés, une simplification des gammes et même des cessions dans le secteur des scooters. Le groupe a également vendu, en juillet 2015, 100 % de ses parts de son club historique de football, le FC Sochaux, au groupe chinois Ledus.

En février, le constructeur automobile avait annoncé être repassé dans le vert dès l’année dernière. PSA a en effet dégagé un bénéfice net de 1,2 milliard d’euros en 2015. Un résultat positif pour la première fois depuis 2010.

Pour passer à l’étape suivante et retrouver une « croissance rentable », la direction a alors dévoilé en avril son nouveau plan : « Push to Pass ». Il prévoit ainsi la création de 28 modèles dans les six prochaines années, dont quatre véhicules électriques et sept hybrides rechargeables. Le groupe compte augmenter de 10 % son chiffre d’affaires d’ici à 2018. En juillet, les bonnes nouvelles se poursuivaient pour le groupe, qui affichait « un record de rentabilité ». Au cours du premier semestre 2016, il a ainsi doublé son bénéfice net, à 1,21 milliard d’euros.

Le constructeur automobile souhaite par ailleurs diversifier son offre dans le cadre de son nouveau plan. Le groupe a ainsi annoncé lundi être entré en négociations exclusives pour acquérir le revendeur d’automobiles d’occasions français AramisAuto, numéro un dans l’Hexagone.

Concrètement, au terme des négociations, PSA aura racheté les 30 % du capital de la société actuellement détenus par des investisseurs. Dans un deuxième temps, PSA souscrira à une augmentation du capital, à l’issue de laquelle il détiendra une majorité des parts. Le constructeur compte sur cette opération pour contribuer à développer sa présence dans les véhicules d’occasion.

« Notre ambition est de quasiment doubler nos ventes de véhicules d’occasion pour atteindre 800 000 ventes d’ici à 2021 et de multiplier par quatre les profits liés à cette activité », a annoncé Carlos Tavares lundi dans un communiqué.

  • Des ventes toujours fragiles en France et en Europe

Mais cette rentabilité retrouvée et ces objectifs ambitieux n’ont pas empêché un repli des ventes pour PSA depuis le début de l’année. Le groupe est en effet en train de se faire rattraper par Renault au classement des immatriculations, en France et en Europe.

Sur les neuf premiers mois de l’année, PSA a ainsi immatriculé près de 520 000 voitures particulières neuves en France. Soit une progression de 2,6 % dans un marché en croissance moyenne de 6,3 %, selon les dernières données publiées par le Comité français des constructeurs automobiles. Au cours de la même période, Renault en a immatriculé près de 485 000, avec une progression depuis le début de l’année de 9,2 %.

En septembre, la marque au losange a même doublé son rival en termes de volume de vente. PSA a en effet connu une forte baisse par rapport à septembre 2015 (de 6,8 %), plombé notamment par les contre-performances de ses marques Citroën (- 13,5 %) et DS (- 12,2 %). Alors que Renault voit ses ventes bondir de 8,2 %.

La donne est sensiblement la même sur le marché européen. Renault, qui bénéficie en ce moment du renouvellement d’une grande partie de sa gamme, a doublé son concurrent français en septembre, lui ravissant la seconde place européenne derrière l’allemand Volkswagen. Ses ventes ont ainsi progressé sur le dernier mois de 18,7 %, alors que PSA chutait de 5,2 %, par rapport à septembre 2015.