Depuis le début de son quinquennat, M. Hollande est déjà venu à deux reprises à Florange, en septembre 2013 et novembre 2014, des visites chaque fois assez chahutées. | JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

Pour cette troisième visite depuis le début de son quinquennat à Florange, le chef de l’Etat pourrait recevoir un accueil des plus frais des syndicats du site des hauts fourneaux d’ArcelorMittal et cristalliser encore plus fortement le mécontentement contre lui, et ce alors qu’il est englué dans des confidences embarrassantes à six mois de la présidentielle.

François Hollande effectue en effet lundi après-midi sa première visite de terrain depuis la parution d’Un président ne devrait pas dire ça…, écrit par deux journalistes du Monde et truffé de confidences présidentielles qui ont déstabilisé jusqu’au sein de son gouvernement. Le président de la République vient à Florange pour expliquer aux salariés qu’en dépit de la fermeture des hauts fourneaux en 2013 il a « respecté l’ensemble de [s]es engagements » pris lors de la campagne présidentielle de 2012. Une manière de vanter son bilan avant une éventuelle annonce de candidature au début de décembre.

« Je leur avais fait deux promesses : sauver le site et éviter tout plan social. Elles ont été tenues. Les 650 salariés qui travaillaient sur le haut fourneau ont été reclassés sur place et aucun n’a été licencié », explique-t-il dans une interview aux journaux du groupe Ebra publié le jour même de son déplacement. M. Hollande souligne aussi avoir obtenu « 180 millions d’investissements du groupe ArcelorMittal à Florange » et met en avant la création d’un centre de recherche publique pour la sidérurgie lorraine pour laquelle l’Etat a déjà débloqué « 20 millions d’euros ». Le président de la République tente de tourner la page de ses confidences explosives en appelant à « ne pas se laisser emporter par tel ou tel bout de phrase ».

« Engagements non tenus »

Sur place, les syndicats attendent de pied ferme le chef de l’Etat. La CGT a appelé les salariés à se mobiliser dès 8 h 30 en tenue de travail à l’entrée de l’usine à chaud pour une démonstration de « colère » et tiendra une conférence de presse à 14 heures pour dénoncer, « pièces à l’appui », les « engagements non tenus » de M. Hollande. Force ouvrière a décidé pour sa part de boycotter la visite afin de « dénoncer » pêle-mêle la loi travail et « les engagements non tenus sur le maintien des hauts-fourneaux et la nationalisation du site ». Ces deux syndicats avaient refusé de signer l’accord social conclu en décembre 2012 entre la direction et la CFDT et CFE CGC.

Depuis le début de son quinquennat, M. Hollande est déjà venu à deux reprises à Florange, en septembre 2013 et novembre 2014, des visites chaque fois assez chahutées. Son premier déplacement lors de la campagne présidentielle en février 2012 avait suscité beaucoup d’espoirs parmi les ouvriers sidérurgistes. Perché sur une camionnette, le candidat socialiste avait alors promis de faire voter une loi contraignant les « grandes firmes » désireuses de se séparer d’une unité de production à « la céder à un repreneur » afin d’éviter son démantèlement. Pour beaucoup d’ouvriers d’ArcelorMittal cependant, la fermeture des hauts fourneaux de Florange un an plus tard a signé la « trahison » du chef de l’Etat.

Lors de son déplacement, M. Hollande doit successivement rencontrer direction et représentants syndicaux d’Arcelor Mittal à 15 h 30, inaugurer le centre de recherche baptisé « Metafensch » et installé à Uckange (Moselle) où il doit prononcer un discours à 17 h 30 avant de visiter l’entreprise Thyssenkrupp de Florange.