Afin de faire la lumière sur la situation à Alep, le conseil des droits de l’homme des Nations unies a annoncé vendredi 21 octobre l’ouverture d’une « enquête spéciale indépendante ». Le conseil, qui compte quarante-sept membres, a adopté une résolution présentée par le Royaume-Uni et par plusieurs pays occidentaux et arabes.

Quelques heures auparavant, le haut-commissaire des Nations unies aux droits humains, Zeid Ra’ad Al-Hussein, avait déclaré que le siège d’Alep et les bombardements des quartiers est de la ville constituaient des « crimes de proportion historique » assimilables à des crimes de guerre.

Le haut-commissaire n’a pas spécifiquement mentionné la Russie, dont les avions pilonnent depuis des semaines la partie est de la ville aux côtés de l’armée de l’air syrienne, mais l’allusion était claire. 

« Les groupes armés de l’opposition continuent de tirer des obus de mortier et d’autres projectiles sur les quartiers habités par les civils d’Alep ouest, mais les frappes aériennes indiscriminées sur la partie est de la ville par les forces gouvernementales et leurs alliés sont responsables de la très grande majorité des victimes civiles. »

Porter l’affaire devant la CPI

Pour Zeid Ra’ad Al-Hussein, de telles violations constituent des crimes de guerre, et s’il y a eu l’intention de les commettre dans le cadre d’une attaque systématique contre les civils, elles équivaudraient alors à des crimes contre l’humanité.

La Russie et la Chine ont voté contre cette résolution, qui a été adoptée par vingt-quatre voix pour, sept contre et seize abstentions. Zeid Ra’ad Al-Hussein a alors appelé les grandes puissances à mettre de côté leurs différends pour porter le dossier syrien devant la procureure générale de la Cour pénale internationale (CPI).

La Russie, qui nie viser délibérément des civils et dit combattre des « terroristes » pour aider son allié Bachar Al-Assad, a tenté de proposer des amendements à la résolution britannique, mais ils ont été rejetés.

Les ambassadeurs de Russie et de Syrie ont souligné que leurs forces observaient une trêve diurne de onze heures par jour à Alep pour permettre l’évacuation des blessés et aux civils qui le souhaitent de partir. Mais les Nations unies ont annoncé vendredi que les évacuations médicales de l’est d’Alep n’avaient toujours pas commencé, l’absence de garanties de sécurité empêchant les secouristes de profiter de la pause dans les bombardements annoncée par la Russie.