Le PDG d’Air France-KLM Jean-Marc Janaillac vient de siffler la fin de la récréation. Il a décidé d’évincer le PDG d’Air France Frédéric Gagey comme l’a annoncé La Lettre A. M. Gagey, ancien directeur financier de KLM puis d’Air France nommé en juillet 2013 à la présidence de la compagnie aérienne, va revenir à ses premières amours. Sur proposition de M. Janaillac, il a, selon nos informations, accepté de prendre la direction financière d’Air France-KLM.

Le nouvel organigramme d’Air France doit être dévoilé le 3 novembre à l’occasion de la présentation devant le comité central d’entreprise (CCE) de Trust Together, le nouveau plan stratégique. Avant cette prochaine échéance, le conseil d’administration d’Air France-KLM devra donner son feu vert, le 2 novembre, au successeur du plan Perform 2020.

Ce ne serait pas de gaité de cœur que M. Janaillac s’est finalement décidé à débarquer Frédéric Gagey. Au sein de la compagnie, il se dit que les deux dirigeants s’entendaient plutôt bien. Il n’empêche, après plus de trois mois de consultations des différentes catégories de personnels de la compagnie, M. Janaillac est arrivé à la conclusion qu’il n’était pas possible de relancer Air France sur une nouvelle dynamique avec la même équipe dirigeante.

Le dialogue social s’est grippé

Pour certains, l’éviction du PDG d’Air France ne serait « pas un désaveu » sinon « il aurait été viré directement ». Toutefois, la nomination de M. Gagey à la direction financière d’Air France-KLM peut apparaître comme une sortie en douceur. Avant lui, Xavier Broseta, ancien directeur des ressources humaines de la compagnie aérienne, avait lui aussi été promu à la direction des ressources humaines d’Air France-KLM avant de prendre la porte quelques mois plus tard.

M. Gagey quitte ses fonctions sur un bilan contrasté. Sous sa férule, la compagnie est, certes, redevenue bénéficiaires en 2015 après sept années consécutives de pertes. Elle aurait même pu revenir dans le vert un an plus tôt, sans les deux semaines de grève des pilotes en septembre 2014, qui lui avait coûté près de 500 millions d’euros. Si la compagnie a retrouvé une certaine santé financière, le dialogue social s’est, en revanche, grippé.

Le paroxysme a été atteint à l’occasion du mouvementé comité d’entreprise extraordinaire du 5 octobre 2015. Ce jour-là, deux dirigeants, Xavier Broseta et Pierre Plissonnier, patron de l’activité long-courrier d’Air France, avaient été pris à partie par des salariés de la compagnie après l’annonce des premiers licenciements secs. Ce fameux « plan B », ainsi intitulé par la direction et qui prévoyait des départs contraints, avait mis le feu aux poudres parmi les personnels. Il semble être tombé à contretemps.

Renforcer la filiale low cost

Chez Air France, la baisse des prix du pétrole donne de nouvelles marges de manœuvre à la compagnie, où l’heure n’est plus aux sureffectifs. Tant chez les pilotes que chez les hôtesses et stewards, la compagnie se doit préparer à embaucher pour accomplir son développement.

Le départ de M. Gagey de la présidence d’Air France est surtout l’occasion pour M. Janaillac de prendre directement la main sur la compagnie aérienne en devenant aussi PDG d’Air France. Frédéric Gagey ne devrait donc pas être remplacé poste pour poste. Son successeur, qui sera choisi dans les prochains jours, occupera la fonction de directeur général comme c’est déjà le cas chez KLM. Lionel Guérin, aux commandes de Hop !, l’activité point à point d’Air France, compte parmi les favoris. Le nom de Franck Terner, patron de la maintenance, est aussi évoqué.

La présentation de Trust Together doit permettre à M. Janaillac de redéfinir les orientations stratégiques de la compagnie pour tenter de restaurer la confiance avec les salariés notamment les pilotes et les personnels navigants commerciaux. Outre le lancement d’une compagnie low cost long-courrier, le devenir de Transavia France, filiale à bas coûts d’Air France, pourrait être au cœur de Trust Together.

Selon nos informations, le PDG d’Air France-KLM, aurait fait le choix de recentrer et renforcer la filiale low cost sur la France et les Pays-Bas. Il aurait aussi choisi de faire une croix sur l’ouverture de bases en Europe de Transavia. En juin, à l’occasion de l’assemblée générale de l’association des compagnies aériennes, Pieter Elbers, patron de KLM, avait déjà exprimé des doutes sur le succès de la première base européenne de Transavia à Munich.