Jean-Marc Falcone doit remettre des propositions la semaine prochaine à Bernard Cazeneuve. | GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Encouragés par une mobilisation grandissante, les policiers vont poursuivre la semaine prochaine leur bras de fer avec le gouvernement et leur hiérarchie.

Nouvelle nuit de mobilisation pour les policiers dans plusieurs villes de France
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Déclarant « comprendre l’exaspération » de ses hommes, le directeur général de la police nationale promet un « plan de sécurité publique » prévoyant la modernisation des moyens alloués aux forces de l’ordre ainsi qu’une révision de leurs missions, dans un entretien au Journal du Dimanche, paru dimanche 23 octobre.

Jean-Marc Falcone, dont certains des policiers en colère exigent le départ, doit remettre des propositions la semaine prochaine au ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, après plusieurs jours d’une fronde lancée par les policiers hors du cadre syndical.

La mesure de suppression des gardes statiques de préfectures accélérée

« Je vais doter les policiers d’un armement plus sophistiqué avec le renouvellement du vieux pistolet-mitrailleur qui sera remplacé par une arme longue plus moderne », annonce Jean-Marc Falcone, parmi d’autres mesures de son « plan de sécurité publique ». La décision de remplacer les pistolets-mitrailleurs a en réalité été prise en 2015.

 « Les flash-ball vont être remplacés par un lanceur de balles de défense plus précis et adapté aux missions », annonce-t-il également. Là encore, il s’agit d’une mesure en fait ancienne – ce choix a été fait il y a trois ans – et elle est en cours de mise en oeuvre.

« Nous allons aussi moderniser le système radio et développer plus rapidement et plus massivement les tablettes connectées au réseau et disponibles sur le terrain », ajoute-t-il enfin.

Jean-Marc Falcone, qui avait attisé la colère des manifestants en saisissant l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) au début de la mobilisation, s’engage également à revoir certaines tâches mal tolérées par les fonctionnaires.

« Dès lundi, avec l’ensemble des préfets, nous allons mettre à plat les charges dites indues. À partir de la semaine prochaine, les policiers de l’Essonne seront libérés des missions de protection de personnalités », déclare-t-il.

« Je vais également proposer que soit accéléré le calendrier de suppression des gardes statiques de préfectures et proposer au ministre de l’intérieur qu’une série de missions de surveillance n’incombent plus à la police nationale, mais soient confiées à des entreprises privées », poursuit-il.

Quant à une révision des règles de la légitime défense, comme le réclament les policiers en colère, il est plus sceptique. « On les attaque, on les empêche de sortir de leur voiture, on menace de les brûler, à mon sens tous les éléments constitutifs de la légitime défense étaient engagés. Ils auraient tout à fait pu tirer », estime-t-il. « Quant à changer les textes actuels, on peut toujours y réfléchir mais je n’y suis pas favorable à ce stade, considérant que les règles d’emploi des armes ont été récemment élargies par la loi du 3 juin 2016 », renforçant la lutte contre le crime organisé et le terrorisme.

Une triple rupture

En visite samedi dans un commissariat de Tours (Indre-et-Loire), le premier ministre Manuel Valls a formulé sur Twitter son « ferme engagement à poursuivre le renforcement des moyens de notre police », sans donner plus de précisions.

Ces déclarations n’ont pas réussi à rassurer les policiers. Pour la sixième soirée consécutive, samedi, quelques centaines de fonctionnaires ont manifesté à Paris, de la place de la République jusqu’au Bataclan et au restaurant le Petit Cambodge, des lieux touchés lors des attentats du 13 novembre 2015. A Strasbourg et Nancy, plus de 150 policiers se sont aussi rassemblés dans la soirée pour déplorer leurs conditions de travail.

Plus tôt dans la journée, environ 80 policiers et leur famille étaient rassemblés devant l’hôtel de ville d’Évry (Essonne) pour réclamer « plus de moyens et du respect ».

Une demi-douzaine de mouvements spontanés ont eu lieu depuis les années 1980, mais c’est la première fois que la base marque une triple rupture avec l’exécutif, la hiérarchie policière et les organisations représentatives, par ailleurs divisées.