Fatigue, espoirs ou refus de partir : paroles de migrants à Calais
Fatigue, espoirs ou refus de partir : paroles de migrants à Calais
Par Marc Bettinelli, Aline Leclerc
Après nombre de désillusions, un nouveau saut dans l’inconnu attend les migrants de Calais après l’opération de démantèlement de la « jungle ».
Des migrants à Calais, le 24 octobre. | ANTONIN SABOT POUR "LE MONDE"
Des files et des files de migrants, des files et des files de bagages… En ce jour de démantèlement, à Calais, les regards de ceux qui habitaient par milliers le bidonville trahissent fatigue et inquiétude. Après tant de désillusions déjà vécues, un nouveau saut dans l’inconnu les attend. Ils ont fait part de leurs craintes et de leurs espoirs aux envoyés spéciaux du Monde.
- Firaol, 16 ans : « Je ne sais pas encore si c’est une chance »
Parmi le groupe d'Oromos, il y a Firaol, 16 ans ds les ts 1ers de la file : il a bien en tête les prochaines heures https://t.co/g6KpjDtPHh
— aline_leclerc (@Aline Leclerc)
Firaol est parmi les tout premiers dans la file d’attente pour entrer dans le hangar qui doit répartir les migrants dans les centres d’accueil et d’orientation de 11 régions de France. A 16 ans, cet Oromo, une ethnie d’Ethiopie en conflit avec le pouvoir, en a assez du froid et de la peur qui ne le quittent pas depuis qu’il est arrivé dans la « jungle », il y a deux mois. Mineur, il rêve encore de pouvoir rejoindre Londres, mais sait que ce n’est pas gagné.
« Je ne sais pas encore si c’est une chance ce qui se passe… Peut-être que oui, peut-être que non… mais je tente le coup ! », dit-il.
- Muhammad Ibrahim : l’espoir de « changer de vie »
Parmi ces visages, celui de Muhammad Ibrahim, 24 ans. "Ça fait 16 mois que je suis là, je suis épuisé..." https://t.co/r7JPy5kjf9
— aline_leclerc (@Aline Leclerc)
Muhammad vient du Soudan. Il est arrivé « là » il y a seize mois. Malgré la fatigue du voyage et de la vie dans le camp, il sourit en ce lundi matin glacé d’octobre. « Je n’ai pas peur, je suis content. J’ai besoin de changer de vie… Alors je suis prêt à rester en France, n’importe où ! »
- L’épuisement d’un Soudanais de 24 ans
La vie de cet autre Soudanais tient désormais ds ce sac à dos. A 24 ans, cela fait 2 ans qu'il vit là "c'est long !" https://t.co/96XuUt1Trz
— aline_leclerc (@Aline Leclerc)
Un sac contenant toute sa vie accroché à l’épaule, un autre Soudanais raconte son épuisement. A 24 ans, voilà deux années qu’il vit dans le bidonville de Calais. « C’est long », raconte-t-il dans cette nouvelle langue qu’il a appris seul, le français. Pour lui, « ce qui compte, c’est de vivre en Europe ».
- Mohajir veut rester dans la « jungle »
Mohajir, dans la jungle depuis 1 an, veut tenter "encore et encore de passer en Angleterre". Refuse de monter dans… https://t.co/0bt0AUhFG8
— MarcBettinelli (@Marc Bettinelli)
Mohajir, lui, refuse de monter dans le bus. Vivre en Angleterre, c’est son « rêve », alors personne ne l’empêchera d’aller là-bas, où de la famille l’attend. Dans la « jungle » depuis un an, il restera là, ou reviendra, mais il tentera « encore et encore » de passer.