Relance du tourisme : les syndicats étudiants opposent à Valérie Pécresse la loi sur les stages
Relance du tourisme : les syndicats étudiants opposent à Valérie Pécresse la loi sur les stages
Par Eric Nunès
Les deux principales organisations étudiantes dénoncent le plan de Valérie Pécresse visant à employer des jeunes dans le cadre de stages pour relancer le tourisme en Ile-de-France.
Génération précaire manifeste pour les droits des stagiaires. | Matteo Maillard/LE MONDE
Un stage n’est pas « un moyen d’avoir de la main-d’œuvre exploitable » a sèchement rappelé le syndicat étudiant UNEF, lundi 31 octobre, à Valérie Pécresse, présidente (Les Républicains) de la région Ile-de-France. Elle venait d’annoncer le recrutement de plusieurs centaines d’étudiants afin de guider les touristes de passage dans la région. La FAGE, l’autre grande organisation étudiante, est à l’unisson.
Pour faire face au ralentissement de l’attrait touristique de la région capitale, l’ancienne ministre de l’enseignement supérieur a présenté, dans le Journal du dimanche du 30 octobre, un plan en six mesures pour « relancer le tourisme ». Parmi elles, le recrutement de « volontaires du tourisme » qui auront la mission « d’informer, de guider » les gens de passage : informer les touristes étrangers, et les guider dans les principaux sites franciliens. Selon la présidente de région, 200 personnes seront dans un premier temps engagées pour les fêtes de Noël, puis ce sont jusqu’à « mille jeunes » qui seront « déployés en Ile-de-France lors des pics de fréquentation touristique ».
Un million d’euros y seraient alloués, prévoit la présidente. Toutefois, pas de contrat de travail : les « volontaires » seront rémunérés sur la base légale de l’indemnité de stage, « soit environ 250 euros net » pour deux semaines de services. Et c’est là que le bât blesse du côté des syndicats étudiants.
Une main-d’œuvre exploitable
« Que Valérie Pécresse travaille à la relance du tourisme francilien, j’approuve, réagit Jimmy Losfeld, président de la FAGE. Mais tel que cela a été présenté, la mission ressemble davantage à un contrat à durée déterminée qu’à un stage. Si même les collectivités territoriales usent des stages pour assurer leurs activités, c’est un renforcement de la précarité des jeunes. » Dans un communiqué, l’UNEF rappelle pour sa part à l’ancienne ministre que « les stages sont un outil pédagogique et non un moyen d’avoir de la main-d’œuvre exploitable. Ils doivent être en cohérence pédagogique avec les études et être encadrés afin d’être réellement qualifiants pour les étudiants ».
En effet, selon la loi du 10 juillet 2014, les stages sont obligatoirement intégrés dans un cursus. Il est interdit à une entreprise ou à une collectivité de recruter un stagiaire pour des tâches qui ne seraient pas associées à une formation et des heures de cours dans une école ou une université. L’utilisation abusive de stagiaires peut être assimilée à du travail dissimulé.
Par ailleurs, la période qui précède les fêtes de fin d’année est celle « des semaines de partiels, rappelle Jimmy Losfeld. Il me semble prioritaire que les étudiants révisent et passent leurs examens ». Les jeunes ne sont pas une « variable d’ajustement peu coûteuse », tranche l’UNEF qui demande à ce que « les étudiants soient embauchés sur la même base que n’importe quel salarié ».