En Allemagne, le taux de chômage atteint 5,8 %, son plus bas niveau depuis la réunification
En Allemagne, le taux de chômage atteint 5,8 %, son plus bas niveau depuis la réunification
LE MONDE ECONOMIE
Le nombre de demandeurs d’emploi outre-Rhin a reculé de 68 000 en octobre, pour s’établir à 2,54 millions de personnes.
Selon les régions, le taux de chômage varie entre 3,2 % (Land de Bavière) et 10 % (ville-Länder de Brême) | CHRISTOF STACHE / AFP
En Allemagne, le chômage n’a jamais été aussi bas depuis… la réunification du pays. Selon les chiffres publiés mercredi 2 novembre par l’Agence fédérale pour l’emploi, le nombre de demandeurs d’emploi a reculé de 68 000 en octobre, par rapport à septembre, pour s’établir à 2,54 millions de personnes. Le plancher des 2,6 millions de chômeurs n’avait pas été atteint depuis juin 1991.
Le taux de chômage s’établit aujourd’hui, en Allemagne, à 5,8 %. « Conséquence de la reprise de cet automne, le chômage a significativement reculé, le nombre d’emplois a encore une fois augmenté et le besoin de main-d’œuvre a continué de croître », s’est félicité Frank-Jürgen Weise, le patron de l’Agence.
Après une nette hausse en janvier, où il avait atteint 6,7 % de la population active, le chômage avait reculé mois après mois jusqu’en juin (5,9 %), avant de croître de nouveau légèrement en juillet et en août. Une nouvelle tendance à la baisse avait été observée en septembre, mais les économistes, qui craignaient les conséquences du référendum sur le Brexit, tablaient, pour octobre, sur une baisse moins importante que celle annoncée mercredi.
Fortes et persistantes disparités régionales
Le recul du chômage – moins 109 000 demandeurs d’emploi depuis octobre 2015 – a pour corollaire l’augmentation des créations d’emploi. En septembre, l’économie allemande a créé 29 000 nouveaux postes, 371 000 sur un an. Selon Jörg Zeuner, économiste en chef chez KfW, cité jeudi 3 novembre au matin par le quotidien économique Handelsblatt, le nombre de créations d’emplois devrait encore progresser dans les prochains mois et pourrait dépasser les 400 000 en 2017.
Ces bons chiffres nationaux cachent toujours de fortes et persistantes disparités régionales. Les riches Länder du Sud-Ouest restent ceux où le taux de chômage est le plus bas : 3,2 % en Bavière, 3,6 % dans le Bade-Wurtemberg. Les moins bien classés sont les « villes-Länder » de Berlin et de Brême, où le taux de chômage s’établit à respectivement 9,2 % et 10 % de la population active.
S’ils sont excellents, les chiffres publiés mercredi n’en sont pas pour autant annonciateurs d’une tendance de long terme, selon les économistes. Dans les mois à venir, ces derniers estiment en effet que le taux de chômage devrait légèrement augmenter, principalement en raison de l’entrée sur le marché du travail d’un nombre important de réfugiés. Parmi eux, le taux de chômage, qui est aujourd’hui de 75 %, devrait s’établir à environ 40 % en 2021. Or, beaucoup d’entre eux, qui reçoivent actuellement une formation, ne sont pas aujourd’hui comptabilisés dans les statistiques du chômage.
Optimiste pour la croissance 2016
La publication de ces bons chiffres a été quelque peu occultée, mercredi, par la remise à la chancelière, Angela Merkel, de la dernière livraison du rapport du conseil des experts économiques allemands. Selon eux, le gouvernement n’a pas suffisamment utilisé les fruits de la croissance économique de ces dernières années pour mettre en place des réformes permettant de renforcer la compétitivité du pays. En déplacement en Chine, le ministre de l’économie, Sigmar Gabriel, a balayé ces critiques. Il a estimé que l’économie allemande était « en bonne santé ».
Malgré leur point de vue critique sur le gouvernement fédéral et la Banque centrale européenne, dont ils jugent la politique monétaire beaucoup trop accommodante, les experts se montrent plus optimistes pour la croissance en 2016, en relevant à 1,9 % leur prévision de hausse du produit intérieur brut (PIB), contre 1,5 % dans leur rapport du printemps.
Pour 2017, année électorale en Allemagne, les experts s’attendent à une hausse du PIB de 1,3 %. « La dynamique de croissance », soutenue par la consommation intérieure et un marché de l’emploi très solide, « se maintient », selon le rapport.