TV : « C’est pas moi, c’est mon tic », ou les tribulations d’une famille de toqués
TV : « C’est pas moi, c’est mon tic », ou les tribulations d’une famille de toqués
Par Véronique Cauhapé
Andi Rogenhagen signe une comédie burlesque sur une adolescente atteinte d’un handicap (jeudi 3 sur Arte à 23 heures).
C'est pas moi, c'est mon tic - bande-annonce - ARTE
Durée : 00:31
Eva (Jasna Fritzi Bauer), 17 ans, est atteinte du syndrome de Gilles de la Tourette, ce qui ne rend pas sa vie toujours facile, pas plus que celle des autres. En particulier lorsqu’elle est en état de stress et qu’elle ne parvient plus à maîtriser son langage, insultant copieusement les autres et proférant des grossièretés dignes d’un charretier. Un visage d’ange muni d’une langue de vipère : telle apparaît Eva dans les moments où le quotidien ne tourne pas rond.
L’adolescente, qui a du coup renoncé à l’école – source d’angoisse –, n’aime rien tant que se réfugier dans la nature, à l’écart du monde et du bruit. C’est là qu’elle se sent le mieux. Là et auprès de sa famille, parents, frère, oncle, grand-mère… tous toqués à leur façon mais tous solidaires les uns des autres. De quoi maintenir un certain équilibre au sein de la tribu ! Du moins jusqu’au moment, où va surgir un imprévu qui risque de tout faire voler en éclats.
Jasna Fritzi Bauer dans le téléfilm « C’est pas moi, c’est mon tic ». | ARTE
Licencié par son employeur, le père d’Eva estime qu’il serait préférable de quitter la campagne pour Berlin. Un drame pour la jeune fille, qui craint le déracinement et le tumulte de la grande ville. Eva décide, dès lors, d’entreprendre tout ce qui est en son pouvoir pour rester dans sa maison d’enfance.
Le téléfilm d’Andi Rogenhagen qui, dans un premier temps, semblait n’offrir qu’une accumulation de saynètes, trouve, dans ce basculement, un fil narratif plus ténu, agrémenté de suspense et de situations burlesques dont le mérite est d’élever le handicap à hauteur de comédie. Le syndrome d’Eva est source de gags, de confusions, de situations fantaisistes et surréalistes ; jamais, en revanche, de moquerie.
Autour d’elles, les personnages qui agissent complètent le tableau d’une famille atypique – comme il en existe, au fond, beaucoup – avec, au sommet, la grand-mère qui peint les feuilles vertes des arbres en jaune et tire à la carabine sur des Playmobil alignés dans le jardin. Et si l’on se lasse parfois des débuts de phrases d’Eva qui scandent presque systématiquement les mêmes insanités, C’est pas moi, c’est mon tic n’en demeure pas moins un téléfilm surprenant, drôle et parfois poétique.
C’est pas moi, c’est mon tic, d’Andi Rogenhagen. Avec Jasna Fritzi Bauer, Waldemar Kobus, Victoria Trauttmansdorff, Stefan Kurt (All., 2011, 85 min).