TV : « Transparent », un subtile alliage de drame et d’humour
TV : « Transparent », un subtile alliage de drame et d’humour
Par Renaud Machart
Notre choix du week-end. La série de Jill Soloway, sur la transition de genre d’un père de famille à la retraite, continue de s’imposer comme un modèle de finesse psychologique (sur OCS à 20 h 40).
Transparent - Season 3 Official Trailer | Amazon Video
Durée : 01:58
La série Transparent, de Jill Soloway – encore récompensée, en 2016, de plusieurs Emmy Awards –, poursuit son cours, au rythme de dix épisodes de 22 à 30 minutes par saison. La troisième, que diffuse OCS, emprunte à nouveau un tempo calme, presque dolent, mais jamais ennuyeux, qui laisse le temps aux personnages principaux et annexes de développer leur existence à l’écran.
Mort Pfefferman, père de famille universitaire à la retraite, est donc devenu Maura après de longues années passées à cacher sa double vie et sa détresse. Après le simple travestissement, puis les hormones, est venu le temps d’envisager une possible opération libératrice.
L’existence et la vie sexuelle des trois enfants en ont été affectées : on l’a déjà vu avec les deux filles, Sarah et l’encore plus expérimentale Ali ; on le verra, au cours de cette troisième saison, avec Josh, le fils, qui flirte lui aussi à son tour avec d’autres possibles.
Vie nouvelle
Shelly, l’ex-épouse de Mort/Maura, incarnée par la formidable Judith Light, s’invente aussi la possibilité d’une vie nouvelle, qui sera contrariée, ainsi que celle de Maura, par des événements qui, au cours de la fin de cette troisième saison, donnent matière à rebondissements et à développements futurs.
En dépit de la volonté de Jill Soloway (qui s’est inspirée de la transition de genre de son propre père pour cette série) de faire jouer des acteurs transgenres dans Transparent – Alexandra Billing, Hari Nef et Trace Lysette, également vue dans la première saison de Blunt Talk (2015) –, il lui a été reproché, par des associations LGBT militant en faveur de l’emploi à l’écran de personnes transgenres dans des rôles transgenres, de ne pas avoir choisi l’une d’entre elles pour le rôle principal de Mort/Maura.
C’est oublier que, incarnés par une actrice transgenre, la transformation du personnage ainsi que les fréquents flash-back de sa vie de femme vers son ancienne vie d’homme n’auraient guère été possibles, ou, du moins, crédibles. Et il est probable qu’il aurait été difficile de trouver plus extraordinaire acteur/actrice que Jeffrey Tambor, récompensé pour la deuxième année d’affilée par l’Emmy du meilleur premier rôle dans une série de comédie.
Jeffrey Tambor dans la série « Transparent ». | JENNIFER CLASEN
Par ailleurs, Jill Soloway a employé plus de quatre-vingts personnes transgenres pour la production de Transparent, à l’écran et hors écran, puisque Rhys Ernst et Zackary Drucker (vue dans la première saison du documentaire de téléréalité Appelez-moi Caitlyn, qui narre la transition de genre de Bruce devenu Caitlyn Jenner) sont coproducteur et consultant de la série et que l’écrivaine et musicienne Our Lady J fait partie de l’équipe de ses auteurs.
Transparent est si subtile, si réussie dans son alliage de drame et d’humour qu’on ne voudrait pas la voir gâchée, comme tant d’excellentes séries, par une multiplication de saisons qui risquerait d’en affadir le propos et l’intérêt.
En l’attente, il faut se réjouir de cette saison 3, beaucoup plus réussie que la deuxième, qui se perdait un peu trop dans des flash-back lassants et artificieux. Elle est, des trois, probablement la meilleure et laisse augurer une suite qu’on espère à la hauteur.
Transparent, saison 3. Série créée par Jill Soloway. Avec Jeffrey Tambor, Amy Landecker, Jay Duplass, Gaby Hoffmann, Judith Light (EU, 2016, 10 × 26 min).