« Si je suis ici, c’est pour faire en sorte que Trump ne devienne pas président de ce pays »
« Si je suis ici, c’est pour faire en sorte que Trump ne devienne pas président de ce pays »
Par Stéphane Lauer (New York, correspondant)
A Brooklyn, ville traditionnellement démocrate, les électeurs se mobilisent avant tout pour faire barrage au candidat républicain.
New York a beau ne pas représenter véritablement un enjeu de l’élection présidentielle américaine, les électeurs s’y sont largement mobilisés, mardi 8 novembre. La ville qui vote traditionnellement à plus de 80 % démocrate paraît en effet acquise à Hillary Clinton. La candidate démocrate est assurée de remporter la totalité des grands électeurs de cet Etat. Malgré tout, à la mi-journée, le bureau de vote de la 3e rue, à Kensington (Brooklyn), ne désemplit pas.
Ce quartier est l’un des plus multiculturels de la ville. Femmes voilées originaires du Pakistan et du Bangladesh, juifs orthodoxes ou bien russes naturalisés américains se pressent pour mettre leur bulletin dans l’urne. « Tous les votes comptent aujourd’hui, il faut faire son devoir car l’époque est très inquiétante », explique Masha, une retraitée juive orthodoxe venue voter avec son mari. Elle préfère rester discrète sur son choix. Une exception ici, où, aujourd’hui, les habitants de Kensington ont plutôt le vote revendicatif.
Jody Coen, une quarantenaire spécialisée dans la vente, se fait effectivement moins pudique sur son vote. « Si je suis ici ce matin c’est pour faire en sorte que Trump ne devienne pas président de ce pays. Si c’était le cas, je crois que je serais prête à quitter les États-Unis. C’est un menteur et quelqu’un de vraiment dangereux ».
Même inquiétude chez Leslie, un retraité de 75 ans d’origine allemande. « Vous savez, ce n’est pas une élection comme les autres aujourd’hui. Plus que jamais, c’est le futur du pays qui se joue et il faut à tout prix empêcher que Trump arrive au pouvoir. C’est un ultranationaliste. Et je sais de quoi je parle, ma famille est partie d’Allemagne au moment de la guerre et par certains aspects, ce que nous vivons en ce moment, les discours que l’on entend ressemblent à ce qui s’est passé à cette époque ».
Pour Liz Sanders, une jeune étudiante en photographie de 31 ans, cette campagne électorale est « une véritable honte pour le pays ». « La mobilisation doit être très importante aujourd’hui parce que la situation est grave et ce vote peut changer la face du monde. Trump n’a pas les capacités pour diriger les États-Unis ». Comme beaucoup ici, elle vote aujourd’hui sans enthousiasme pour Hillary Clinton. « C’est la moins pire, mais elle est tellement liée avec Wall Street et les grandes entreprises qu’on sait que ce n’est pas elle qui va changer notre vie ». Lors des primaires démocrates, elle avait, comme des millions de jeunes, soutenu Bernie Sanders et c’est maintenant sans illusion qu’elle votera pour Hillary. « Il y a encore quelques semaines, j’étais optimiste sur la défaite de Trump, je croyais que c’était uniquement les médias qui entretenaient artificiellement le suspense, mais aujourd’hui, l’élection semble tellement serrée… Je suis vraiment inquiète ». Une inquiétude entretenue par le fait qu’elle sait que New York ne vote pas forcément comme le reste de l’Amérique.