Petites participations ou grosses acquisitions, le chinois HNA n’en finit plus de s’étendre en Europe comme aux Etats-Unis. Dernier fait d’armes, révélé lundi 7 novembre par Le Figaro.fr, une association avec l’Open de France de golf. Présent dans divers secteurs, HNA avait annoncé lundi 24 octobre un accord pour racheter 25 % des hôtels de luxe Hilton Worldwide Holdings Inc. pour 6,5 milliards de dollars (5,9 milliards d’euros).

Le partenariat avec l’Open de France de golf témoigne de la diversité des intérêts de HNA et sa frénésie d’acquisitions. Le groupe, maison mère de la quatrième compagnie aérienne chinoise, Hainan Airlines, est présent dans l’aviation, les aéroports, l’immobilier, le tourisme, les services financiers, l’assurance, la logistique, les transports… Et, d’après des chiffres compilés par Bloomberg, HNA a investi à l’étranger 34,1 milliards de dollars depuis un an. C’est beaucoup pour un groupe qui a déclaré 29,5 milliards de dollars de revenus en 2015 (190 milliards de yuans). Au tableau de chasse d’HNA, figurent le rachat en février dernier d’Ingram Micro Inc., entreprise californienne de logistique, pour 6 milliards de dollars, et celui de la compagnie de location d’avions CIT Group, pour 10 milliards de dollars annoncé le 7 octobre. Des opérations qui sont encore sous la loupe du régulateur américain.

« Un marché très mature »

Alors que l’économie chinoise a enregistré son plus faible taux de croissance depuis vingt-cinq ans en 2015, les grandes entreprises du pays profitent des taux d’intérêt bas et d’un accès au crédit facile pour faire leur marché à l’étranger.

En témoigne la liste des plus grosses opérations de fusions-acquisitions de l’année. Chem China, qui a racheté le suisse Syngenta, ou Midea, nouveau propriétaire du fabricant de robots allemand Kuka, s’offrent des technologies et des savoir-faire. D’autres, comme Wanda et Fosun, parient sur la transition de l’économie chinoise vers le tertiaire, en investissant à Hollywood ou dans le football pour le premier, et en rachetant le Club Med pour le second. Au total, les fonds chinois ont annoncé 219 milliards de dollars d’investissements à l’étranger depuis le début de l’année, d’après Bloomberg.

L’hôtellerie s’inscrit dans cette tendance : HNA veut profiter de l’expansion rapide des voyages à l’étranger des touristes chinois. En même temps, le groupe investit dans un secteur stable. « L’immobilier hôtelier est un marché très mature. Il n’y a pas beaucoup de surprises », estime Jan Freitag, vice-président de STR, cabinet de recherche spécialisé dans l’hôtellerie, cité par le Los Angeles Times.

Derrière la frénésie d’investissements, la baisse de la monnaie chinoise

Mais ces perspectives comptent peu dans la décision de HNA. Pour Andy Xie, économiste indépendant installé à Shanghaï, la première raison derrière la frénésie d’investissements des groupes chinois est simple : c’est la baisse de la monnaie chinoise. « Il y a un consensus entre les économistes sur la baisse du yuan. Mais la Chine limite drastiquement la sortie des capitaux. La solution, c’est d’acheter des actifs à revenu fixe à l’étranger. C’est une faille dans le système. » Une alternative réservée aux grands groupes disposant de l’assise financière et des connexions nécessaires à Pékin pour voir leurs projets approuvés.

HNA n’est pas le seul en Chine à lorgner sur des champions de l’hôtellerie. L’assureur Anbang est engagé dans le même processus d’acquisitions fondé sur un fort endettement. En 2014, il avait acheté le Waldorf-Astoria de New York pour 1,95 milliard de dollars, avant de tenter cette année d’acquérir les hôtels Starwood pour 14 milliards… et se retirer face à Marriot.

En Chine, ces grands groupes bien en cour auprès du gouvernement n’ont aucun mal à se financer auprès des banques d’Etat. « Comme les taux d’intérêt sont bas, ceux qui peuvent le font, commente Andy Xie, qui conseille des fonds de pension. Ils émettent de la dette pour acheter des actifs étrangers à long terme. Normalement, ce serait une folie, mais comme la monnaie chinoise baisse, ils vont gagner de l’argent, explique l’analyste. Pour moi, ces décisions sont motivées à 90 % par des questions d’arbitrage monétaire, et à 10 % par d’autres raisons. Mais cela reste très risqué : leur niveau d’endettement est très élevé. »