Dernières confidences de Thomas Pesquet avant son départ pour la Station spatiale internationale
Dernières confidences de Thomas Pesquet avant son départ pour la Station spatiale internationale
Par Isabelle Mandraud (Baïkonour, envoyée spéciale)
Le Français, qui doit s’envoler jeudi depuis Baïkonour pour six mois en orbite, estime que l’homme pourra se rendre sur Mars « à l’horizon d’une vingtaine d’années ».
Thomas Pesquet (à gauche), à l’entraînement avec ses coéquipiers, le Russe Oleg Novitsky et l’Américaine Peggy Whitson. | MAXIM ZMEYEV / REUTERS
Confinés dans leur minuscule capsule après leur départ prévu jeudi 17 novembre à 21 h 20 (heure de Paris) depuis la base de Baïkonour, au Kazakhstan, les trois astronautes de Soyouz MS-03 suivront la trajectoire la plus longue, plus de 48 heures, avant de s’arrimer à leur objectif : la Station spatiale internationale (ISS), en orbite à 420 kilomètres de la Terre.
Le Français Thomas Pesquet confie :
« Andreas Morgen [astronaute danois en mission sur l’ISS en septembre 2015] me l’a dit, ce seront les deux jours les plus longs de ma vie. J’ai emmené un jeu de cartes, français, que je vais apprendre à mes collègues, on a fait le plein d’histoires à se raconter et j’ai aussi des dés. »
H-30 avant le décollage, le dixième spationaute français à s’envoler dans l’espace s’est exprimé devant la presse, mercredi 16 novembre, avec ses coéquipiers, le Russe Oleg Novitsky et l’américaine Peggy Whitson. Tous trois, en quarantaine depuis leur arrivée sur la base de Baïkonour le 1er novembre, sont apparus derrière une vitre, accompagnés de leurs doublures. Un peu ému, le Français a levé le pouce :
« Je ne réalise toujours pas vraiment (…). Cela fait sept ans que je m’entraîne, et tout est étrangement normal. Il faudra peut-être attendre le décollage, les vibrations et voir la Terre s’éloigner par le hublot pour vraiment réaliser. »
« Clin d’œil » à la Planète rouge
Avec lui, Thomas Pesquet emmènera également un morceau de météorite martienne tombée dans le Sahara, comme un « clin d’œil » à la Planète rouge dont l’exploration par robot fait aujourd’hui de l’ombre à l’ISS. Le spationaute commente :
« L’idée n’est pas de faire une performance mais de dire que l’exploration spatiale est un tout. On a besoin d’envoyer des robots sur Mars mais on aura aussi besoin, un jour, d’envoyer des hommes. Nous sommes plusieurs branches d’un même mouvement d’exploration. Ce qui compte c’est que ce processus continue. Nous allons vers l’ISS pour réaliser des expériences scientifiques mais aussi pour permettre d’aller vers d’autres planètes, c’est la nature de l’homme d’aller de plus en plus loin. On a tous Mars dans le viseur à horizon d’une vingtaine d’années. »
Pour l’heure, l’horizon le plus proche reste l’ISS à bord de laquelle l’équipage du Soyouz MS-03 passera six mois, le temps de fêter deux anniversaires, celui l’Américaine Peggy Whitson, le 9 février et celui, le même mois, de Thomas Pesquet, à la date du 27. « On nous demande si nous emportons de la nourriture préparée par un chef étoilé, c’est vrai, s’est-il amusé. Il y aura d’autres événements. Moi, je suis chargé du jour de l’An, Peggy de Thanksgiving et Oleg a décidé qu’il était en charge de tout goûter ! »
Un dernier geste de la main au terme de cette conférence un peu lisse et les trois astronautes se sont retirés pour leur dernière nuit sur Terre. Quelques heures plus tôt, dans un froid polaire, un pope a béni le lanceur Soyouz sur son pas de tir.
Rencontre avec Thomas Pesquet, 10e Français dans l’espace
Durée : 10:17