Robert Vaughn, l’un des « Sept Mercenaires », est mort
Robert Vaughn, l’un des « Sept Mercenaires », est mort
Par Jean-François Rauger
L’acteur, abonné aux seconds rôles au cinéma mais à la carrière prolifique à la télévision, s’est éteint à l’âge de 83 ans.
Il était Lee, le plus torturé et le plus élégant des Sept Mercenaires. Il n’avait jamais véritablement accédé au vedettariat au cinéma mais est apparu dans plus de 200 films ou séries télévisées. Robert Francis Vaughn est mort, vendredi 11 novembre, à Ridgefield dans le Connecticut, des suites d’une leucémie. Il était né, le 22 novembre 1932, à New York d’un père acteur radiophonique et d’une mère comédienne de théâtre. Ses premiers pas se font à la télévision américaine qui traverse un âge d’or entre le milieu des années 1950 et celui des années 1960. Sa carrière débute en 1955 avec des apparitions dans des séries entrecoupées de quelques rôles de second plan pour le cinéma, souvent des productions à petits budgets. Son personnage dans Ce monde à part, de Vincent Sherman, en 1959, lui vaut une nomination pour l’Oscar du meilleur acteur de second plan.
L’intérêt principal des Sept Mercenaires, le western tourné par John Sturges en 1960, remake des Sept Samouraïs d’Akira Kurosawa, fut sa distribution. Quelques-unes des grandes vedettes de la décennie y feront des débuts remarqués (Yul Brynner, James Coburn, Steve McQueen, Charles Bronson). Robert Vaughn y incarne Lee, un des sept « pistoleros » venus défendre un village mexicain contre les exactions d’une sorte de seigneur de la guerre. Derrière son élégance, ses habits et ses gants noirs, ses mouvements lents et précis, son habileté au pistolet, se cache un homme qui tente de se racheter d’une lâcheté commise il y a quelques années. Il apparaît ainsi comme un des protagonistes les plus complexes de la bande, cachant derrière une forme de neutralité froide et triste, la torture intérieure du remords.
The Magnificent Seven Official Trailer #2 - Charles Bronson Movie (1960) HD
Durée : 03:03
Napoleon Solo, un « agent très spécial »
Le succès du film ne lui assure pas toutefois le vedettariat au cinéma. Celui-ci lui vient avec la télévision où il retourne immédiatement, apparaissant furtivement dans quelques séries à succès comme La Grande Caravane, Le Virginien, Les Incorruptibles, Bonanza. Il devient cependant l’un des héros récurrents d’un nouveau feuilleton, né en 1964. The Man from UNCLE (Des agents très spéciaux) fut l’une des séries d’espionnage les plus populaires de l’époque. Le temps est aux agents secrets, la popularité de James Bond est à son sommet et John Fitzgerald Kennedy lui-même avoua être un admirateur du personnage créé par Ian Fleming.
La série Des agents très spéciaux ne cache pas cette inspiration. Ian Fleming en est d’ailleurs un consultant. Et le nom du personnage incarné par Robert Vaughn est Napoleon Solo, un nom tout droit venu du roman Goldfinger. Solo, séducteur ironique et élégant, est flanqué d’un partenaire, l’agent russe Illya Kuryakin (incarné par l’Ecossais David McCallum). Solo et Kuryakin, l’Américain (mais né d’une mère française) et le Soviétique, sont deux icônes de la détente Est-Ouest, deux agents travaillant pour l’organisation UNCLE vouée à contrer les plans diaboliques de savants fous et de mégalomanes retors employés par l’occulte organisation THRUSH. Napoleon Solo, comme le nom l’indique, c’est la maîtrise et l’individualisme, c’est le héros d’une époque désinvolte, ironique et innocente à la fois.
The Man From U.N.C.L.E (Series Trailer)
Durée : 03:44
La série est un des fleurons de la pop culture télévisuelle d’alors. Vaughn impose un personnage cool et élégant. Il exécute lui-même, par ailleurs, la plupart des cascades et son regard « en dessous » va irrésistiblement faire des ravages. Des agents très spéciaux dure quatre saisons, jusqu’en 1968. Les deux acteurs principaux furent interrogés sur l’influence qu’eut le feuilleton sur la suite de leur carrière. McCallum regretta qu’on ne lui proposât plus que le même type de personnages. Vaughn, en revanche, affirma le contraire. Après Napoleon Solo, dira-t-il, on ne lui demandera plus de ne jouer que des « méchants ».
L’acteur Robert Vaughn lors d’une cérémonie à Santa Monica (Californie), en octobre 2007. | MARK DAVIS/GETTY IMAGES
Prolifique carrière à la télévision
C’est notamment le cas dans Bullitt, de Peter Yates, en 1968. Vaughn y est le sénateur Walter Chalmers, dont l’ambition politicienne va mettre en péril l’enquête du courageux policier incarné par Steve McQueen. Désormais, l’élégance naturelle de l’acteur va souvent cacher la fourberie et le calcul, la dissimulation et la veulerie, dans une longue série de rôles de politiciens corrompus ou d’hommes d’affaires sans scrupules (La Tour infernale, Sans issue, Superman III).
Mais l’essentiel de sa prolifique carrière s’est déroulée à la télévision. Il redevient la vedette de la série britannique Poigne de fer et séduction entre 1972 et 1974. Il apparaît également dans deux épisodes de la série Columbo, en 1975 et 1976, en méchant idéal, auteur de crimes imparfaits dénoué par le sagace inspecteur à qui il aura vainement opposé sa morgue de ploutocrate méprisant.